Dîners fastueux, travaux aux frais du contribuable, collaboratrice ayant indûment conservé son HLM… Une série de révélations publiées dans la presse a conduit mardi le ministre français de la Transition écologique François de Rugy à présenter sa démission mardi.
Alors président de l’Assemblée nationale, François de Rugy et son épouse ont multiplié les dîners privés fastueux à l’Hôtel de Lassay entre 2017 et 2018, affirme Mediapart le 10 juillet. Documents, photos et témoignages à l’appui, le journal en ligne recense une dizaine de ces dîners qui rassemblaient des invités appartenant pour l’essentiel au cercle relationnel et amical de son épouse Séverine de Rugy, journaliste au magazine Gala. A table, homard, champagne et grands crus issus des caves de l’Assemblée apparaissent sur une photo mise en ligne par Mediapart.
François de Rugy met en avant « un travail de représentation » requis par ses fonctions. Convoqué à Matignon, il s’engage le cas échéant à « rembourser chaque euro contesté ». Le 10 juillet au soir, Mediapart publie des informations concernant un logement HLM à Paris occupé depuis 2001 par la directrice de cabinet de François de Rugy au ministère de la Transition écologique, Nicole Klein, et conservé de 2006 à 2018 alors qu’elle n’habitait plus la capitale. Le ministre met fin le lendemain aux fonctions de l’intéressée. « Il a voulu sauver sa tête en offrant la mienne », déclare l’ancienne préfète des Pays de la Loire.
Le 11 juillet, Mediapart évoque des travaux réalisés par le ministre dans son logement de fonction à l’Hôtel de Roquelaure pour un montant de 63 000 euros. Sur Twitter, de Rugy souligne la nécessité de rénover « régulièrement » ce bâtiment et publie les mails des devis. Le 11, Mediapart évoque un appartement loué par le ministre près de Nantes, « à loyer social préférentiel ». Il s’agit, selon de Rugy, d’un deux-pièces de 48 m², loué 622 euros par mois (avec parking), ce qui est conforme aux prix du marché. Il affirme n’avoir jamais su qu’il s’agissait d’un appartement à « loyer social préférentiel ».
Nouvelles révélations
Le ministre qualifie de « mensonge » une information, parue le 12 juillet dans le Parisien, selon laquelle son épouse a acheté avec l’argent de l’Assemblée un sèche-cheveux doré à la feuille d’or, pour 499 euros. Il a été « laissé à l’Assemblée nationale » lorsque le couple a quitté le Palais-Bourbon, précise le ministre. Le même jour, Ouest-France indique que de Rugy a organisé en mars un dîner avec des lobbyistes du monde de l’énergie, en demandant que ce rendez-vous « informel » n’apparaisse pas « dans l’agenda public ».
Toujours le 12, Mediapart indique que François de Rugy n’a pas été imposable en 2015. Conformément à la loi à l’époque, celui qui était alors député n’était pas imposable sur la totalité de son revenu. Il a pu également retrancher de son revenu imposable une partie des dons faits à des « organismes reconnus d’intérêt général », écrit le média en ligne. Il a enfin bénéficié de crédits d’impôt liés à la garde d’enfant. « Une seule raison : les dons de 1 200 euros que je faisais chaque mois au parti EELV en tant que député du groupe EELV, comme tous les autres députés du groupe, et comme tous les autres parlementaires qui financent ainsi leurs partis et la vie politique », se défend le ministre.
Le 16, jour de la démission, Mediapart précise que de Rugy aurait utilisé ses frais de mandat de député pour payer une partie de ses cotisations d’élu à EELV, tout en les déduisant du calcul de ses impôts.
François de Rugy a estimé être victime d’un « lynchage médiatique » et a annoncé avoir déposé une plainte en diffamation contre Mediapart. Emmanuel Macron a de son côté dit respecter la « décision personnelle » du ministre « pour qu’il puisse se défendre pleinement et librement », selon l’Élysée.
LQ/AFP