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France : à l’hôpital, Emmanuel Macron face à des soignants «bousillés»


Emmanuel Macron s'est rendu dans un hôpital de Paris avant d'aller présenter son plan de réforme. (photo AFP)

« On est déjà bousillés ! » Emmanuel Macron a fait face à des soignants « épuisés » et démoralisés, vendredi à l’hôpital de Corbeil-Essonnes, promettant d’accélérer les réformes pour répondre à leur mal-être sans précédent.

Pendant deux heures, dans les couloirs du Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF), où il était venu présenter ses vœux mais aussi son remède pour soigner un système de santé mal en point, il a pu prendre le pouls des infirmiers, médecins ou brancardiers.

Une infirmière l’interpelle d’emblée, pour le mettre en garde contre le report de l’âge de la retraite à 65 ans. « On est déjà bousillés! », lance-t-elle.

C’est ensuite un enchaînement de doléances, sans virulence mais avec un mélange de résignation – « On voit la mort de notre profession », soupire une sage-femme – et d’attentes – « J’espère qu’il y aura un avant et un après votre passage », le presse un autre soignant. Le constat est unanime : « C’est très dur. » « On est tous épuisés », « il faut qu’on arrive à se ressourcer », dit un infirmier.

Surtout, s’alarme un médecin, « on est passés d’une solidarité exceptionnelle durant la crise du covid à une situation assez détestable, où les gens en arrivent à se déchirer entre eux ou avec la direction ».

Le chef de l’État acquiesce, pose des questions. Justifie son action aussi. « On a commencé à changer les choses », plaide Emmanuel Macron, avant de concéder : « Mais trop lentement. »

« Pourquoi ça craque ? » 

Il s’étonne du « paradoxe » qui fait que « ça craque » justement « au moment où on a eu les plus grosses augmentations » salariales, avec le « Ségur de la santé » de 2020. « Pourquoi ça craque à ce moment-là », demande-t-il. C’est « arrivé trop tard », répond une soignante.

Sur le manque criant de personnel, le président rappelle la fin du numerus clausus, mais prévient qu’on « va mettre des années » à former les nouveaux médecins et à « s’en remettre ».

S’attardant dans le service des urgences pédiatriques, soumis, comme ailleurs en France, à une tension extrême ces derniers mois, avec une épidémie de bronchiolite hors normes, Emmanuel Macron s’assied dans un bureau, bras croisés, et demande au personnel de lui dire « en toute franchise », « sans filtre », « ce qui va et ce qui ne va pas ».

« On n’y arrive plus, mais quel est le facteur limitant ? », interroge-t-il. « On n’y arrive plus… mais on a des idées », lui rétorque un médecin. L’équipe des urgences pédiatriques lui raconte alors comment, au pic de la bronchiolite, elle a écrit une lettre aux médecins du secteur pour les appeler au secours. S’est ainsi constitué « un petit pool de médecins » de tous horizons, « ravis d’être parmi nous », détaille une soignante.

Emmanuel Macron se montre intéressé, demande comment l’hôpital a pu « dégager les moyens budgétaires ». Gilles Calmes, le directeur du CHSF : dans ces cas-là, « on ne réfléchit pas, tant pis l’argent! » « On a collectivement beaucoup conditionné tout le monde à l’autorisation a priori, qui est une connerie », approuve le chef de l’État. « Il faut que les gens retrouvent l’esprit d’entreprise », prône-t-il. « Il faut qu’on arrive à faire hors période de crise ce que vous avez fait en période de crise », conclut Emmanuel Macron, avant d’aller présenter son plan de réforme.

 

Un commentaire

  1. Ce qui me choque c’est que Macron prône: « Il faut que les gens retrouvent l’esprit d’entreprise »… la santé ce n’est pas une entreprise, et c’est là le problème du président.