La flambée mondiale des cours des céréales, métaux, minéraux et autres composants industriels depuis 2021, renforcée par la guerre en Ukraine, illustre « la remise en cause du marché » et « la fin de la mondialisation heureuse », a estimé mercredi Philippe Chalmin, principal coordinateur du guide annuel des matières premières CyclOpe.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie à partir du 24 février « marque une rupture fondamentale dans la géopolitique mondiale déjà bien ébranlée par deux années de pandémie. C’est une partie de la page de la mondialisation qui est ainsi tournée », écrit le CyclOpe, dont la 36e édition est parue mercredi à Paris.
Sous-titré « le monde d’hier » en référence au dernier roman de Stefan Zweig qui préfigurait, en exil au Brésil, les bouleversements radicaux de la Seconde Guerre mondiale, le CyclOpe 2022, écrit par une soixantaine de spécialistes issus de la recherche ou de l’industrie, analyse sur 720 pages les marchés de « commodités », de l’acier au zyrconium en passant par l’ananas, les céréales, le coton, le transport aérien, l’uranium ou même le marché de l’art.
Pour Chalmin, « une page se tourne » et le monde des matières premières entre « dans de nouvelles fractures, pas idéologiques, mais politiques, avec une remise en cause d’une certaine forme d’économie de marché » : « On a trop vite dérégulé, on revient sur des organisations de marché au niveau national, et dans le balancement éternel entre les États et les entreprises, nous assistons à une remise en cause du marché, avec des barrières qui se mettent en place un peu partout ».
« Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est la fin d’autres Trente Glorieuses commencées en 1990, avec l’ouverture progressive de la Chine à l’économie de marché, l’effondrement de l’URSS, où nous avons cru à la mondialisation heureuse », ajoute l’auteur en évoquant « les ruptures dans toutes les chaînes d’approvisionnement que nous avions tissées ces 30 dernières années ».
« Les matières premières sont la partie émergée de l’iceberg de toutes les tensions géopolitiques de la planète », ajoute-t-il.
« Nous touchons des limites d’autant plus fortes que nous assistons à une remise en cause du fait des enjeux climatiques, et nous voyons bien que la croyance un peu aveugle dans les technologies est largement remise en cause » souligne-t-il.
Cela n’a rien à voir avec la soit-disante fin de la « mondialisation heureuse » une formule idiote, mais tout avec la bêtise insondable des dirigeants de l’UE qui, ne voulant faire de la morale à haute dose en « sanctionnant » la Russie, n’ont fait que se tirer des balles dans le pied avec une régularité de métronome.
Si on avait tenté de donner suite aux revendications légitimes des russes il y a des années, on aurait pu éviter et la guerre, avec ses drames humains et les sottises européennes.
Mais ça, avec les incapables aux manettes, c’est beaucoup trop demander.