L’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, accusateur principal de l’ex-président français Nicolas Sarkozy dans l’enquête sur les financements allégués de sa campagne présidentielle 2007 par la Libye, est mort mardi à Beyrouth, a indiqué à l’AFP son avocate française Me Elise Arfi.
M. Takieddine était visé par un mandat d’arrêt dans ce dossier dans lequel le tribunal correctionnel de Paris doit rendre jeudi un jugement très attendu. Âgé de 75 ans, cet homme connu pour ses déclarations fluctuantes avait mis en cause à de multiples reprises l’ancien chef de l’Etat pour avoir reçu des financements de la part du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi et de ses lieutenants. Nicolas Sarkozy avait en retour dénoncé les propos de ce « grand manipulateur ».
Ziad Takieddine avait été condamné mi-2020 à cinq ans de prison ferme dans le volet financier de la tentaculaire affaire Karachi, un système de commissions occultes sur des contrats d’armement français avec l’Arabie saoudite et le Pakistan. La décision a été confirmée en appel début 2025. Il s’était réfugié au Liban quelques jours avant le jugement de première instance.
Dès mai 2012, Ziad Takieddine assurait à la presse que le financement de la campagne de l’ex-chef de l’Etat français par la Libye était « la vérité ». Fin 2016, il avait évoqué dans Mediapart des valises d’argent et 5 millions d’euros remis en 2006 et 2007 à M. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant.
Il avait ensuite confirmé à plusieurs reprises ces propos devant le juge d’instruction avant de déclarer fin 2020 que l’ex-président n’avait pas bénéficié de ces financements. Des propos « déformés », corrigeait deux mois plus tard Ziad Takieddine, une volte-face temporaire analysée depuis par la justice comme une possible subornation de témoin, et qui vaut une mise en examen à plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni-Sarkozy.
Né le 14 juin 1950 dans une grande famille de Druzes libanais, il a longtemps travaillé dans la publicité, avant de quitter son pays déchiré par la guerre civile. Dans les années 1980, il dirige la station alpine française Isola 2000, et noue des liens avec de nombreux hauts responsables de droite.
Grâce à ces connaissances et à son entregent, il s’immisce dans la négociation de contrats de défense au coeur de l’affaire Karachi. Il mène alors grand train et couvre de cadeaux ses relations politiques.
Mais son influence va ensuite décliner, entre un divorce difficile, la concurrence de son ennemi juré, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri et le début de ses ennuis judiciaires.