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Fin de vie : Macron veut un projet de loi pour « un modèle français »


Emmanuel Macron a renvoyé au gouvernement et aux parlementaires la tâche de définir le contenu du projet de loi, mais en posant des limites lundi. Photo : AFP

Le président français Emmanuel Macron a annoncé lundi un projet de loi « d’ici la fin de l’été » qui mettrait en place un « modèle français de la fin de vie », au risque de réactiver les tensions dans une société déjà ébranlée par la crise des retraites.

Le chef de l’État, qui envisage de longue date de modifier la législation française sur ce sujet sensible, a reçu dans la matinée les 184 membres de la Convention citoyenne qui s’est prononcée pour une « aide active à mourir », des citoyens tirés au sort qui ont participé pendant trois mois à d’intenses débats.

Dans un rapport validé dimanche, cette Convention sur la fin de vie a répondu « oui » aux trois quarts à une aide « active à mourir », concrètement le suicide assisté ou l’euthanasie, en assortissant toutefois ses positions d’importantes restrictions.

La législation française actuelle permet aux soignants de mettre sous sédation irréversible des patients proches de la mort, dont les souffrances sont intolérables. Mais elle ne va pas jusqu’à autoriser une assistance au suicide (le patient s’administre lui-même le produit létal) ou l’euthanasie (un soignant l’injecte).

« Lignes rouges »

Emmanuel Macron a renvoyé au gouvernement et aux parlementaires la tâche de définir le contenu du projet de loi, mais en posant des limites lundi.

Parmi elles, la nécessité de « garantir l’expression de la volonté libre et éclairée », de la « réitération du choix », « l’incurabilité de souffrances réfractaires, psychiques et physiques, voire l’engagement du pronostic vital ».

« Vous insistez à raison pour que jamais une aide active à mourir ne devrait être réalisée pour un motif social, pour répondre à l’isolement qui parfois peut culpabiliser un malade qui se sait condamné à terme », a déclaré Macron, qui a également fermé la porte à toute aide à mourir pour les mineurs.

« Ces quelques lignes rouges me paraissent utilement encadrer l’hypothèse d’un modèle français de la fin de vie et constituent notre point de départ », a-t-il tranché.

Si la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté met d’accord la gauche et une partie du centre, elle suscite de vives réticences à droite.

La perspective du projet de loi inquiète ainsi Ludovine de la Rochère, présidente du syndicat de la famille (ex mouvement de la « Manif pour tous », opposé au mariage et à l’adoption par des personnes de même sexe) : « le suicide est toujours une tragédie, quelles qu’en soient les modalités, très lourde à porter pour les familles ».

Les évêques catholiques de France ont eux aussi insisté la semaine dernière sur leur opposition à une « légitimation de l’euthanasie ou du suicide assisté », lors de leur assemblée plénière à Lourdes, dans le sud-ouest de la France. « Nous entendons de très nombreux soignants affirmer vigoureusement que +la main qui prend soin ne peut en aucun cas être celle qui donne la mort+ », assurent les évêques.

À l’inverse, mi-mars, une centaine de personnalités, artistes, intellectuels, femmes ou hommes politiques, ont signé un manifeste pour appeler le président Emmanuel Macron à faire évoluer la loi.

Flou

À gauche, face aux annonces de Macron lundi, certains « restent sur leur faim », à l’instar de Jean-Luc Romero, président d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité. « Il n’y a aucune mesure concrète. C’est le flou une fois de plus », a-t-il regretté.

Pour nourrir sa réflexion, la France regarde la situation de pays d’Europe où la législation autorise l’euthanasie et/ou le suicide assisté. La Belgique est, avec les Pays-Bas, l’un des deux premiers pays européens à avoir autorisé, il y a 20 ans, l’euthanasie.

En Espagne, une loi légalisant l’aide à la fin de vie, entrée en vigueur en juin 2021, permet l’euthanasie et le suicide médicalement assisté, alors qu’en Suisse il existe différentes formes d’assistance au décès.

Dans un sondage publié dimanche par le journal Le JDD, une majorité de Français (70%) se dit en faveur d’une aide active à mourir. Mais seuls 36% envisagent de recourir à l’euthanasie s’ils étaient atteints d’une maladie douloureuse et incurable.