Accueil | Monde | Fin de la crise politique aux Pays-Bas, le record belge loin d’être égalé

Fin de la crise politique aux Pays-Bas, le record belge loin d’être égalé


Le Premier ministre sortant Mark Rutte s'est dit "très content", à l'issue d'une dernière réunion à La Haye entre les leaders des partis engagés, sept mois après les élections législatives. (photo AFP)

Les Pays-Bas, qui ont mis 208 jours pour trouver lundi un accord de gouvernement – égalant leur record de 1977 -, arrivent en troisième position au palmarès des plus longues crises ministérielles en Europe, derrière la Belgique et l’Espagne.

Un accord a été trouvé aux Pays-Bas entre les quatre leaders des partis politiques engagés dans les négociations pour former une coalition gouvernementale, après un temps record de 208 jours de discussions, ont-ils annoncé lundi. Le Premier ministre sortant Mark Rutte s’est dit « très content », à l’issue d’une dernière réunion à La Haye entre les leaders des partis engagés, sept mois après les élections législatives. Le projet du nouveau gouvernement pour les années à venir doit encore être approuvé par la chambre basse du parlement, qui se prononcera mardi.

« Enfin, enfin… Je suis heureux. Je pense que c’est un accord impartial dans la ligne de ce que tout le monde souhaite », a réagi Alexander Pechtold, leader des progressistes du D66. Mais selon les experts, ce mariage s’annonce difficile. Le D66 gouvernera avec le VVD, parti libéral du Premier ministre sortant Mark Rutte, vainqueur des élections en mars, et avec deux partis chrétiens : le CDA pragmatique et l’Union chrétienne (CU), plus conservateur. Fondé dans les années 1960, le D66 est pour l’avortement, défend les droits LGBT et souhaite que le droit à l’euthanasie soit étendu afin que chacun – pas seulement les personnes en phase terminale – puisse décider de mettre fin à sa vie.

Une ligne politique aux antipodes de celle du CU, fondée sur la Bible, combattant l’avortement, le mariage homosexuel et l’euthanasie. Cette coalition donne à Mark Rutte et à ses partenaires une majorité ne tenant qu’à un seul siège, avec 76 sièges sur 150 au Parlement. Si Mark Rutte devrait rester Premier ministre, la composition de son troisième gouvernement ne sera pas présentée avant le 23 octobre, selon la télévision publique NOS.

541 jours en Belgique

Les Pays-Bas restent toutefois loin du record en Belgique, où la retentissante crise de 2010-2011 avait vu le royaume tenir 541 jours (18 mois) sans gouvernement de plein exercice après les élections législatives du 13 juin 2010, jusqu’à ce qu’un cabinet de coalition réunissant six partis (socialistes, libéraux et démocrates-chrétiens, tant flamands que francophones) prête enfin serment le 6 décembre 2011. A sa tête, le socialiste francophone Elio Di Rupo qui succédait au chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, à l’issue de la plus longue crise politique au monde. Sans véritable gouvernement et sans majorité parlementaire stable, la Belgique n’avait pas pu engager de nouvelles politiques, mais avait cependant pris des décisions importantes, telles que l’intervention militaire en Libye.

La Belgique avait déjà connu des crises de ce type, notamment en 2007 lorsque le cap des 194 jours (six mois et demi) sans gouvernement avait été atteint, et dans les années 1980, quand le pays n’avait pas eu de gouvernement entre décembre 1987 et mai 1988.

L’Espagne a été confrontée à une paralysie politique sans précédent entre les législatives du 20 décembre 2015 et le 29 octobre 2016, soit 314 jours pendant lesquels le gouvernement sortant de Mariano Rajoy n’a pu qu’expédier les affaires courantes. Le scrutin qui a vu l’entrée au parlement de nouvelles formations, Podemos (gauche radicale) et Ciudadanos (centre-droit), a signé la fin du bipartisme et privé de la majorité absolue le Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy.

Faute d’accord entre les partis durant plusieurs mois, de nouvelles législatives sont organisées le 26 juin. Le PP (droite) reste en première position avec 137 élus sur 350, alors que le Parti socialiste (PSOE), concurrencé par Podemos, poursuit sa descente en enfer, avec le pire résultat de son histoire. Mais le Parlement fragmenté ne réussit toujours pas à doter l’Espagne d’un nouvel exécutif. La donne ne change qu’en octobre quand le PSOE accepte de débloquer la situation pour éviter de troisièmes élections, après une lutte interne féroce et l’éviction de son secrétaire général, Pedro Sanchez, qui refusait de reconduire Rajoy au pouvoir. Le 29 octobre, Mariano Rajoy est investi à la tête du gouvernement, grâce à l’abstention cruciale lors du vote de confiance d’une partie des élus socialistes.

Le Quotidien/AFP