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Fidel Castro, le père de la Révolution cubaine, a 90 ans


L'ancien dirigeant cubain Fidel Castro le 9 avril 2013 à La Havane sur une photo publiée par le site cubain officiel. (Photo : AFP)

Admiré, critiqué et désormais à la retraite: Fidel Castro, entré dans les livres d’histoire en menant la Révolution cubaine, fête samedi ses 90 ans dans une île en plein rapprochement avec son ennemi de la Guerre froide, les Etats-Unis.

Comme les années précédentes, aucune cérémonie officielle n’est prévue pour marquer l’anniversaire du «Comandante» même si une visite de son principal allié dans la région, le Vénézuélien Nicolas Maduro, n’est pas à exclure. «Nous célébrerons les 90 ans de cet homme qui est aussi immortel», a assuré le dirigeant socialiste. Depuis des semaines, des concerts et expositions ainsi qu’une multitude d’affiches à son image à travers l’île rendent hommage à l’un des hommes les plus influents et controversés du XXe siècle.

Et s’il a laissé le pouvoir à son frère Raul, 85 ans, il y a dix ans, pour raisons de santé, il reste plus présent que jamais dans le pays communiste. A Cuba, «Fidel c’est tout, c’est le sport, la culture… c’est la rébellion. Le Cubain est rebelle à cause de Fidel», assure Manuel Bravo, vitrier de 48 ans, face à l’un des nombreux bâtiments de La Havane où se lit le slogan «Fidel, 90 ans et bien plus».

Fidel, c’est l’homme qui a instauré un régime socialiste à parti unique, fortement critiqué sur la scène internationale pour les nombreuses violations des droits de l’Homme. Mais c’est aussi celui qui a apporté santé et éducation gratuites à des millions de Cubains, en grande majorité pauvres.

Elle est loin, l’image de l’impétueux guérillero entré triomphalement à La Havane en 1959, renversant alors le dictateur Fulgencio Batista : désormais c’est un vieil homme à la barbe blanchie, diminué par une sévère crise intestinale il y a quelques années, qui vit retiré dans sa maison à La Havane, où il ne reçoit que de rares visites de personnalités.

Son véritable état de santé est entouré du plus grand secret.

« Influence indirecte »

Sa dernière apparition en public, le 19 avril pour la clôture du Congrès du parti communiste cubain, l’a montré assis, en survêtement bleu, admettant la voix tremblante : «Bientôt j’en aurai fini comme tous les autres. Notre tour viendra à tous». Pas de quoi émouvoir ses plus fervents opposants, qui n’ont pas oublié les années de répression contre la dissidence de ce régime mené d’une main de fer.

«Je ne sais pas si je pourrai lui souhaiter un bon anniversaire», confie Marta Beatriz Roque, dissidente de 71 ans emprisonnée à deux reprises quand Fidel était au pouvoir et actuellement en liberté conditionnelle. Pour elle, l’héritage que laissera le «Comandante» sera «le chaos, le manque de solution» aux problèmes économiques et «le contrôle de la vie de toutes les personnes dans le pays».

Même éloigné du pouvoir, Fidel Castro continue d’exercer «une influence indirecte à travers certaines figures du régime, qui sont mal à l’aise avec les réformes qu’a faites Raul», explique Kevin Casas-Zamora, docteur en sciences politiques de l’université d’Oxford. Sa seule présence physique sert de «rempart contre les réformes économiques et politiques les plus agressives», estime-t-il, alors que son frère Raul a lancé une ouverture progressive au travail privé et aux investissements étrangers.

Mais Fidel n’a pu empêcher l’un des changements les plus radicaux survenus sur l’île : le rapprochement diplomatique historique entamé en 2015 avec le vieil ennemi de la Guerre froide, les États-Unis. Publiquement, l’ex-dirigeant ne s’est pas opposé à cette réconciliation, mais il est resté ferme dans ses critiques : «Nous n’avons pas besoin que l’empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit», écrivait-t-il en mars, une semaine après la visite du président Barack Obama.

Une attitude qui continue de susciter une certaine admiration dans la région : «Pour la majorité des Latinoaméricains, Fidel Castro représente la résistance héroïque à l’hégémonie et au contrôle des États-Unis», souligne Peter Hakim, analyste du think tank Dialogue Interaméricain, à Washington. Mais, «je ne crois pas qu’il restera un héros pour encore très longtemps (…) et je soupçonne qu’il sera vu comme un homme qui a été capable d’imposer sa volonté aux Cubains». En fin de compte, «le monde moderne les a relégués, lui et Cuba», estime-t-il.

Le Quotidien/afp

Un commentaire

  1. À tous ceux qui ont cru au mirage socialo-communiste, voilà le résultat : il mourra, comme nous tous, emportant avec lui sa dictature…