Le président italien Sergio Mattarella a annoncé qu’il allait proposer un gouvernement « politiquement neutre » pour diriger le pays jusqu’en décembre, faute d’accord sur une majorité parlementaire à l’issue d’une ultime journée de consultation des forces politiques.
Alors qu’il doit présenter dans les prochains jours le chef et les membres de ce gouvernement, le président a appelé les partis à faire preuve de « responsabilité » en soutenant cette solution, faute de quoi il convoquerait à contrecœur de nouvelles élections « à l’automne ou en juillet ». Après deux mois de tractations, les responsables politiques qui ont défilé lundi au palais présidentiel ont confirmé l’impasse entre la coalition de droite, arrivée en tête avec 37% des voix et menée par la Ligue (extrême droite), le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), premier parti avec plus de 32%, et le Parti démocrate (PD, centre gauche), tombé à 19%.
S’exprimant devant les médias à l’issue de la journée, le président a expliqué que le pays avait besoin urgent d’un gouvernement qui lui redonne une voix sur la scène internationale et qui fasse adopter le budget 2019, avant de nouvelles élections en début d’année prochaine. Le Mouvement 5 étoiles et la Ligue, qui sont désormais majoritaires, ont répété lundi leur opposition à un gouvernement technique et leur volonté de retourner plutôt aux urnes dès juillet. Lundi matin, Luigi Di Maio, chef de file du M5S, a dit ne pas vouloir d’un gouvernement technique qui soit « là uniquement pour boucler des comptes ». Matteo Salvini, le patron de la Ligue, avait pour sa part demandé que le président lui confie la tâche de former le gouvernement, à charge pour lui de trouver dans les rangs des autres formations les quelques dizaines d’élus qui lui manquent pour obtenir la confiance au Parlement.
Impasse et dissensions
Une solution trop hasardeuse pour Mattarella. De même que les élections trop rapides : pour lui, de nouvelles élections en juillet risquent de priver une partie des citoyens « d’exercer pleinement leur droit de vote » et de ne rien changer à l’équilibre des forces en l’absence de réforme électorale, tandis qu’un vote en octobre menacerait l’adoption du budget et donc la stabilité financière du pays. En cas de rejet de ce gouvernement neutre, « cette législature serait la première de l’histoire de la République italienne à s’arrêter avant même d’avoir démarré. Ce serait la première fois que le vote populaire ne serait pas exploitable et ne produirait aucun effet », a-t-il plaidé.
Son gouvernement neutre, dont les membres devront s’engager à ne pas être candidats aux élections à venir, devrait être sur le modèle de celui de l’économiste Mario Monti, qui avait officié entre la chute de Silvio Berlusconi en 2011 et les élections de 2013.
Le président a pris soin de préciser que si une majorité politique devait se dessiner dans les prochains mois, le gouvernement « neutre » lui cèderait aussitôt la place. La perspective semble éloignée : les discussions entre le M5S et la Ligue restent bloquées par la figure de Silvio Berlusconi, un symbole que Luigi Di Maio refuse mais un allié que Matteo Salvini ne veut pas lâcher, tandis que le PD se place résolument dans l’opposition.
Le Quotidien/AFP