Les Etats-Unis ont testé avec succès, pour la première fois, l’interception d’un missile balistique intercontinental, envoyant un message à la Corée du Nord qui cherche à se doter de cette arme nucléaire de longue portée pour atteindre le territoire américain.
Ce système d’interception « est vital pour la défense de notre pays, et ce test démontre que nous avons un moyen de dissuasion efficace et crédible contre une menace très réelle », s’est félicité mardi le vice-amiral Jim Syring, directeur de l’agence américaine en charge de la lutte anti-missiles, la Missile defense agency (MDA), dans un communiqué.
Un missile tiré depuis la base Vandenberg de l’US Air Force en Californie « a intercepté avec succès un missile balistique intercontinental cible », sans charge nucléaire parce qu’il s’agissait d’un essai, lancé depuis le Reagan Test Site dans les îles Marshall, dans le Pacifique, selon la MDA.
C’est la première fois que l’armée américaine réussit ce test sur un missile intercontinental.
Un précédent test, en 2014, sur un missile de portée inférieure, avait réussi, mais les trois précédents avaient échoué.
Le porte-parole du Pentagone Jeff Davis a affirmé mardi que ce test n’avait pas été mené en réponse aux récents essais de la Corée du Nord mais que, « d’une manière générale, la Corée du Nord est une des raisons pour lesquelles nous avons cette capacité ».
« Ils continuent à faire des essais, comme ce week-end, et à utiliser un discours dangereux qui laisse entendre qu’ils pourraient frapper le territoire américain », a rappelé le représentant du département américain de la Défense.
La Corée du Nord a de son côté averti mercredi qu’elle était prête à tirer des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) « n’importe où, n’importe quand, sur ordre du commandant suprême (Kim Jong-Un) »
« Les Etats-Unis doivent savoir que notre affirmation selon laquelle nous pouvons réduire en cendres l’antre du diable avec nos armes nucléaires n’est pas une parole en l’air », a affirmé le journal Rodong Sinmun, organe officiel du parti unique au pouvoir à Pyongyang.
A son arrivée au pouvoir en janvier, Donald Trump avait promis d’investir dans la défense antimissiles pour contrer les menaces nord-coréenne et iranienne.
Ces intercepteurs offrent cependant une défense limitée contre les missiles à longue portée du Nord et potentiellement de l’Iran. Et ils sont trop peu nombreux pour contrer les volées de missiles qui seraient tirés en cas de guerre nucléaire par des grandes puissances comme la Russie ou la Chine.
Ce test prend la forme d’une mise en garde au moment où la Corée du Nord multiplie les essais de missiles balistiques.
Le régime communiste a tiré 11 missiles depuis le début de l’année et a réalisé au total 5 essais nucléaires, dont deux l’an dernier, tout en cherchant à se doter d’un missile intercontinental capable d’atteindre les côtes américaines.
Pyongyang a confirmé mardi avoir procédé « avec succès » à un tir de missile balistique, selon l’agence officielle KCNA au lendemain d’un nouveau test qui a suscité des condamnations internationales.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un « a supervisé » le tir –le troisième en trois semaines– alors que de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU interdisent à Pyongyang de poursuivre ses programmes balistique et nucléaire, et que Washington menace le pays d’une intervention militaire.
La Corée du Sud a affirmé lundi que ce missile de type Scud avait parcouru 450 km, tandis que le Japon a précisé qu’il était tombé dans sa zone économique exclusive, qui s’étend jusqu’à 200 milles marins (370 km) de ses côtes.
Le président américain Donald Trump avait estimé lundi sur Twitter que la Corée du Nord faisait preuve d’un « grand manque de respect » vis-à-vis de la Chine, seul allié du régime de Pyongyang sur lequel Washington compte beaucoup.
Le missile nord-coréen avait été présenté pour la première fois en avril lors du défilé militaire organisé à l’occasion du 105ème anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il-Sung, selon KCNA.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a appelé mardi à « une action vigoureuse » pour mettre la pression sur la Corée du Nord, soulignant que le « rôle de la Chine était extrêmement important ».
Mais la Chine a clairement fait savoir que sa priorité était au dialogue, non aux sanctions.
Pékin et Washington négocient depuis des semaines une nouvelle résolution de l’ONU qui resserrerait l’étau autour de la Corée du Nord mais aucun texte n’a encore émergé de ces tractations.
Une décision pourrait toutefois être trouvée cette semaine, a affirmé mardi l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley.
La représentante américaine avait également indiqué à la presse à l’occasion d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité que Washington était prêt à « parler » avec Pyongyang mais à condition d’un « arrêt total du processus nucléaire et de tout essai » de missiles.
Le Quotidien / AFP