Des distributions gratuites de bois sont organisées en Grèce afin d’aider les habitants à se chauffer face à la montée des prix de l’énergie.
Sur les hauteurs d’une banlieue balnéaire d’Athènes, des bûches soigneusement empilées attendent d’être chargées dans les coffres des voitures. Face à la flambée des prix de l’énergie en Grèce, des distributions gratuites de bois de chauffage sont organisées pour les habitants.
« On en a bien besoin (…) surtout en cette année difficile », lance Yiannis Dimitrakopoulos, un retraité âgé de 75 ans venu récupérer du bois à Glyfada, à une vingtaine de kilomètres du centre de la capitale grecque.
Un peu plus loin, des dizaines d’automobilistes attendent patiemment leur tour. « On essaie de prendre le plus de bois possible. Nous avons un chauffage central au pétrole mais on ne sait jamais », souligne une professeure quinquagénaire, Erofili Generali. Son mari s’affaire à remplir leur coffre de bois provenant notamment de la taille printanière et automnale des arbres de Glyfada.
Si dans cette banlieue résidentielle de la « Riviera » athénienne les températures hivernales restent raisonnables, ses habitants, comme ceux du reste de la Grèce, se sont retrouvés assommés par l’explosion des tarifs de l’énergie en raison de la guerre en Ukraine.
Des prix qui ont quadruplé
En septembre, les prix du gaz naturel ont plus que quadruplé (+332%) au point que de nombreux Grecs redoutent de ne pouvoir se chauffer durant les mois d’hiver. Et ce d’autant plus que depuis six mois, l’inflation dépasse les 10% dans un pays qui porte les séquelles d’une décennie de crise financière.
« Après la chute de nombreux arbres lors d’une tempête de neige en janvier, nous avons décidé de ne pas recycler le bois en combustible industriel comme on le faisait » auparavant, explique à l’AFP Annie Kafka, adjointe à la Protection civile de la mairie de Glyfada. Mais il a été taillé pour « l’offrir aux ménages en raison de la crise énergétique ».
« On se sent trahis avec ces prix exorbitants » du gaz naturel, s’indigne Yannis Dimitrakopoulos qui rappelle que l’État grec a fait largement la promotion de ce mode de chauffage ces dernières années.
Priorité aux familles vulnérables
Les appartements et les maisons de Glyfada, qui compte quelque 90 000 habitants, sont principalement équipés de chauffage central au mazout ou, pour les plus récents, au gaz naturel. Les cheminées installées dans certains logements ne sont utilisées qu’à titre complémentaire.
Lancée début octobre, l’initiative de la mairie de Glyfada se tient généralement deux fois par semaine. Environ 3 000 ménages en ont déjà profité alors que la demande explose: 14 000 personnes se sont enregistrées sur la plateforme internet de la mairie, détaille Annie Kafka.
Chaque ménage, prévenu par SMS de la distribution, peut remplir une fois le coffre de son véhicule, « les familles vulnérables ayant évidemment la priorité », selon elle.
« La demande des habitants était impressionnante »
En septembre, la mairie de Zografou, une autre municipalité d’Athènes, a également distribué du bois provenant de l’élagage des arbres du quartier et du mont Ymette, tout proche. « La demande des habitants était impressionnante », assure aussi Dimosthenis Bouloukos, l’un des adjoints.
Mais la mairie d’Athènes, capitale densément peuplée où les problèmes de pollution sont récurrents, n’a pas suivi l’initiative en raison précisément des inquiétudes environnementales.
« Le chauffage au bois favorise la pollution atmosphérique, surtout dans les grandes villes comme Athènes, qui souffre des émissions d’oxyde d’azote », estime Petros Varelidis, secrétaire général au ministère de l’Environnement et de l’Energie.
Des problèmes de pollution
Durant le naufrage financier de la Grèce (2008-2018), de nombreux habitants, pris à la gorge, avaient eu recours au chauffage au bois. Beaucoup d’immeubles n’étaient même plus chauffés faute de pouvoir régler les factures de fioul.
Conséquence: les principales villes du pays s’étaient retrouvées enveloppées dans une brume épaisse, signe de pollution atmosphérique. A Glyfada, des habitants se disent conscients des dangers environnementaux mais la conjoncture les oblige à avoir recours au chauffage au bois.
C’est « une sorte de recyclage bien qu’il puisse être nuisible (…) mais pour cette année, il est justifié », tranche Yiannis Dimitrakopoulos.