Accueil | Monde | Éthiopie : la guerre au Tigré déborde dans les régions voisines

Éthiopie : la guerre au Tigré déborde dans les régions voisines


Le Tigré est en proie depuis huit mois à un conflit dévastateur entre des forces rebelles et le gouvernement fédéral. (photo AFP)

Les rebelles du Tigré ont affirmé dimanche avoir mené des opérations visant des forces gouvernementales dans la région Afar, ouvrant un nouveau front dans leur lutte contre les autorités éthiopiennes.

Cette « action très limitée » a visé des miliciens venus de l’Oromia, la région la plus étendue et la plus peuplée du pays, qui avaient pris position le long de la frontière entre l’Afar et le Tigré, a annoncé le porte-parole des rebelles, Getachew Reda. « Nous avons mené ces opérations pour nous assurer que ces forces seront renvoyées en Oromia », a-t-il déclaré, sans préciser le nombre de victimes de part et d’autre. « Il s’agissait d’une action très limitée destinée à disperser ces milices de paysans dont la plupart étaient contraints de participer à cette guerre inutile », a ajouté Getachew Reda.

Le Tigré est en proie depuis huit mois à un conflit dévastateur qui a connu un tournant majeur fin juin, avec la reprise par les forces rebelles opposées au gouvernement fédéral d’une grande partie du territoire de cette région du Nord de l’Éthiopie.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix en 2019, avait envoyé l’armée fédérale au Tigré en novembre dernier pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Selon lui, cette opération répondait à des attaques contre des camps de l’armée fédérale ordonnées par le TPLF, parti qui a dominé le pouvoir éthiopien pendant trois décennies.

« Pilonnages d’artillerie lourde »

Abiy Ahmed a proclamé la victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais les combats ont continué et le conflit a connu un tournant inattendu fin juin avec la reprise de Mekele par les forces pro-TPLF, forçant le Premier ministre à déclarer un cessez-le-feu unilatéral et à retirer la plupart des troupes fédérales de la région.

Les rebelles ont alors lancé une nouvelle offensive pour chasser les forces de la région voisine de l’Amhara de territoires disputés dans l’Ouest et le Sud du Tigré. Promettant de les repousser, Abiy Ahmed a mobilisé des forces régionales, venues notamment de l’Oromia, pour combattre au côté de l’armée fédérale.

Dans un communiqué diffusé samedi soir par l’agence de presse officielle Ethiopian News Agency a accusé le TPLF de bloquer l’aide humanitaire à destination du Tigré depuis l’Afar, par des « pilonnages d’artillerie lourde ». « Rejetant le cessez-le-feu du gouvernement fédéral, le TPLF fait tout ce qu’il peut pour étendre le conflit à la région Afar », a dénoncé le communiqué. Le porte-parole du TPLF a démenti ces informations. « Là où les combats se sont déroulés, il n’y a aucun axe routier utilisé pour l’acheminement de l’aide », a-t-il assuré.

« Cancer pour l’Éthiopie »

Le porte-parole a confirmé dimanche que des unités rebelles étaient également actives dans le Nord de la région Amhara. Dans un communiqué dimanche sur Twitter, Abiy Ahmed a qualifié le TPLF de « cancer pour l’Éthiopie ».

Quand ils ont repris Mekele, les responsables du TPLF ont annoncé détenir plus de 7 000 soldats éthiopiens prisonniers, dont plusieurs milliers ont été contraints de défiler à travers les rues de la ville. Plus de mille d’entre eux ont été relâchés vendredi, avec l’aide de la Croix-Rouge, a affirmé dimanche Getachew Reda. « Nous allons continuer à prendre des mesures pour assurer la libération de ces soldats innocents, dont la plupart ont été forcés ou trompés pour s’engager », a-t-il commenté, tout en soulignant que des enquêtes avaient été ouvertes pour identifier ceux d’entre eux qui auraient commis des crimes de guerre au Tigré. « Ceux qui sont impliqués seront jugés », a-t-il promis.

Le porte-parole a également démenti les allégations d’Addis Abeba sur la présence d’enfants soldats dans les rangs des forces du TPLF. « Des enfants veulent parfois aider les soldats et il est courant qu’ils les aident à transporter du matériel, y compris des armes. Alors quelqu’un prend une photo et après des gens veulent vous faire croire que nous mobilisons des enfants soldats », a-t-il critiqué. « Nous n’avons pas besoin d’enfants soldats car nous avons un nombre extraordinaire de volontaires qui nous rejoignent ».

LQ/AFP