Accueil | Monde | États-Unis : victoires judiciaires pour les anti-confinement

États-Unis : victoires judiciaires pour les anti-confinement


C'est la troisième fois que des manifestants, parfois armés, se rassemblent pour demander la fin du confinement dans le Michigan. (photo AFP)

Des opposants au confinement ont manifesté jeudi à Lansing, dans le Michigan, devenu avec le Wisconsin voisin un point chaud du débat sur la réouverture de l’économie américaine malgré la pandémie de coronavirus.

Ces deux États, majoritairement conservateurs mais dont les gouverneurs sont démocrates, sont aussi l’objet d’une âpre bataille pour l’élection présidentielle de novembre, que Donald Trump compte bien enlever comme il l’avait fait en 2016. Le président républicain, qui prône une relance rapide de l’économie pour sauver le pays de la crise, a remporté une victoire politique mercredi soir dans le Wisconsin, dont la Cour suprême a invalidé le dernier décret de confinement pris par l’administration démocrate locale.

Dans le Michigan, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées jeudi matin à Lansing devant l’entrée du Capitole, siège du Parlement de cet État du nord du pays, et l’ont symboliquement bloqué avec une banderole « Liberté!!! ». Le bâtiment avait été fermé en prévision de la manifestation. Au moins une dizaine de manifestants habillés en tenue camouflage portaient des armes. D’autres brandissaient des drapeaux américains et des pancartes dénonçant la gouverneure Gretchen Whitmer, qui a prolongé les mesures de confinement jusqu’au 28 mai.

Des « appels à la violence »

C’est la troisième fois que des manifestants, parfois armés, se rassemblent pour demander la fin du confinement dans le Michigan, qui a enregistré plus de 4 700 décès liés au Covid-19, selon les données de l’université Johns Hopkins. Quelque 3 000 personnes avaient manifesté le 15 avril dans le calme à Lansing, à l’appel d’une coalition de groupes conservateurs baptisée « Les habitants du Michigan contre la quarantaine excessive ». Deux semaines plus tard, la confrontation était devenue plus tendue quand des manifestants armés étaient entrés dans le Capitole pour exiger l’assouplissement des mesures mises en place pour lutter contre la propagation du Covid-19.

Les manifestations pour la réouverture de l’économie américaine se sont multipliées dans le pays depuis un mois, encouragées par le président Donald Trump, qui a estimé que certains gouverneurs étaient « allés trop loin » dans les restrictions. Il s’en était notamment pris à la gouverneure Whitmer, dont la gestion de la crise est pourtant saluée par une majorité des habitants de cet État remporté de justesse par Trump en 2016.

« Le Michigan est un État d’environ 10 millions d’habitants et la vaste majorité de la population fait ce qu’il faut », s’est défendue mercredi sur ABC la gouverneure. Elle a dénoncé des « rassemblements politiques » et des « appels à la violence » alors que « le Michigan est certainement en jeu dans l’élection » présidentielle de novembre.

« C’est l’Ouest sauvage »

Plus à l’est, le Wisconsin est aussi un État pivot où Donald Trump s’était imposé de justesse il y a quatre ans. La Cour suprême de cet État, saisie par des élus républicains, a annulé mercredi la prolongation du confinement et de la fermeture des commerces décidée par l’administration du gouverneur démocrate Tony Evers. La Cour a jugé que la mesure de prolongation prise par la secrétaire à la Santé Andrea Palm était « illégale » car elle « excède l’autorité réglementaire » dont elle dispose.

Donald Trump a salué jeudi matin une « victoire » dans le Wisconsin. « La population veut continuer à vivre. L’endroit est plein de vie ! », s’est-il réjoui sur Twitter.

Tony Evers a regretté un jugement qui plonge son État « dans le chaos, mettant la santé publique et les vies en grand danger ». Le Wisconsin a enregistré jusqu’ici 421 décès dus au Covid-19. « C’est l’Ouest sauvage », a-t-il déploré sur CNN mercredi soir, alors que des bars ont rouvert leurs portes dans plusieurs villes juste après la décision de la cour sans appliquer les gestes-barrières.

LQ/AFP