Le tireur solitaire qui a tué quatre militaires avant d’être abattu jeudi n’était pas dans le collimateur des autorités, mais les enquêteurs s’intéressent désormais à ses déplacements au Moyen-Orient.
L’auteur de la fusillade, identifié par la police fédérale (FBI) comme étant Mohammad Youssuf Abdulazeez, un jeune homme de 24 ans apparemment sans histoire qui vivait dans une banlieue calme de Chattanooga (Tennessee, sud), « n’était pas à notre connaissance » suivi par les autorités comme un danger potentiel pour la sécurité nationale, a expliqué le maire de cette ville, Andy Beke, sur CNN.
« Nous n’avions de manière certaine aucune indication (permettant de signaler) qu’il était une menace ou qu’hier il allait se passer quelque chose », a ajouté l’édile, précisant que sa ville ne connaissait aucun problème de radicalisation avec sa communauté musulmane.
Le jeune homme, un ancien étudiant de l’université du Tennessee diplômé en ingénierie, semblait avoir ouvert un blog qui ne contenait ni d’éléments montrant une radicalisation, ni de menaces. « La vie est courte et amère » et les musulmans ne devaient « pas laisser passer l’occasion de se soumettre à Allah », a-t-il par exemple récemment écrit, selon le site américain spécialisé SITE.
Dans l’annuaire annuel de son lycée, il avait également laissé un commentaire: « mon nom déclenche des alertes à la sécurité nationale. Et le vôtre ? » Il n’avait eu affaire à la police qu’une fois: il avait été arrêté en avril, pour conduite en état d’ébriété.
Jeudi matin, le jeune homme, né au Koweït mais qui a été naturalisé américain, s’est attaqué tout d’abord à un bureau de recrutement des Marines avant de se diriger vers un centre de réservistes, où il a tiré « en longues rafales ».
Parmi les quatre Marines tués, se trouvait le sergent Thomas Sullivan, qui a servi deux fois en Irak, où il avait été blessé. L’attaque a également fait trois blessés, un recruteur des Marines, un marin et un policier.
Les autorités tentent désormais d’expliquer le geste, évoqué par le procureur fédéral pour la région comme un possible acte de « terrorisme intérieur », ainsi que les éventuelles connexions de Mohammad Youssuf Abdulazeez, qui semble avoir agi seul.
« Evidemment, la composante locale est importante, mais (…) les autorités examinent également quelles sont ses connexions n’importe où », a encore dit le maire Andy Beke, faisant allusion à d’éventuels liens avec des organisations de type Etat islamique ou al-Qaïda.
Les enquêteurs du contre-terrorisme américain passent en revue les récents déplacements de Mohammad Youssuf Abdulazeez, et s’intéressent plus particulièrement à un séjour « suspect » d’un mois en Jordanie en 2014, cherchant notamment à savoir s’il s’est rendu dans des pays voisins à partir de là, selon le Wall Street Journal qui cite vendredi des sources proches de l’enquête. D’autres informations de presse font état d’un possible déplacement au Yémen.
Ali Soufan, ancien agent du FBI qui a traqué Al-Qaïda pendant de longues années et désormais consultant en sécurité, a estimé de son côté que « l’idéologie du Ben Ladenisme, reprise par les membres et les soutiens de (l’organisation) Etat islamique et d’autres groupes terroristes l’a aidé à appuyer sur la détente », faisant référence aux incitations à attaquer de l’intérieur les pays occidentaux.
Le calendrier de l’attaque, a-t-il ajouté, le dernier jour du ramadan, porte le sceau des appels de l’EI. Le Koweït a par ailleurs tenu à marquer sa distance vis-à-vis du jeune homme vendredi, indiquant par le biais de l’agence officielle Kuna que, s’il était bien né dans le pays, Mohammad Youssuf Abdelazeez « est Jordanien ».
« Il ne s’est rendu au Koweït qu’une fois entre le 31 mai et le 18 juin 2010 », a expliqué le ministère de l’intérieur.
AFP