Le président américain Joe Biden espère que son plan d’investissement « Build Back Better », « Reconstruire en mieux », passera l’épreuve du Congrès et viendra imprimer une profonde marque sur sa présidence.
Les contours de ce plan ont émergé après d’âpres débats au sein du parti démocrate, et devraient attirer l’ire du camp républicain. Voici les principales mesures incluses dans le programme d’investissements à hauteur de 1 750 milliards de dollars annoncé par la Maison Blanche jeudi :
École et garde d’enfants
L’accès gratuit à une structure scolaire, avant l’entrée en école primaire, serait garanti pour les enfants de 3 et 4 ans – étendant ainsi un accès gratuit à plus de six millions d’enfants. Le programme est financé pour six ans. Le plan propose également que les coûts de garde d’enfants pour les familles ne dépassent pas 7% de leurs revenus, concernant potentiellement 20 millions d’enfants. L’actuel crédit d’impôts sur les enfants serait étendu d’un an pour plus de 35 millions de foyers américains. Les foyers touchant jusqu’à 150 000 dollars par an seraient ainsi bénéficiaires de ces aides mensuelles.
Énergie verte
Des investissements de « résilience » sont prévus pour faire face aux événements climatiques extrêmes comme les feux de forêt, les sécheresses, et les ouragans. Des crédits d’impôts pour énergie verte, à hauteur de 320 milliards de dollars, concerneraient la production, le transport, et le stockage d’énergies renouvelables, ainsi que la production de véhicules dits « propres » pour particuliers et professionnels. Des incitations ciblées souhaitent stimuler l’innovation technologique dans le domaine solaire, des batteries, et des matériaux de pointe.
Couverture santé
Le plan propose l’extension des crédits d’impôts sur les options d’assurance maladie de l’Obamacare, qui avait permis à partir de 2010 de fournir une assurance santé à des millions d’Américains jusque-là non-couverts. Cette extension irait jusqu’en 2025 et pourrait permettre à plus de trois millions de personnes d’obtenir une assurance santé. Le Medicare, un système public d’assurance santé destiné aux plus de 65 ans et à ceux aux revenus les plus modestes, pourrait couvrir les coûts des soins auditifs.
Logement
Un investissement de 150 milliards de dollars est prévu pour l’accès au logement, y compris dans les zones rurales, avec la construction de plus d’un million de maisons individuelles à louer, des aides destinées au paiement du loyer, ainsi que des aides à l’apport pour un crédit immobilier.
Des mesures supprimées
Plusieurs mesures présentes initialement dans le plan ont été écartées ou rabotées après d’âpres négociations entre élus démocrates au Congrès. L’harmonisation au niveau fédéral des règles du congé parental, aujourd’hui laissées à l’appréciation des Etats et des entreprises, a été supprimée, représentant une défaite majeure pour Joe Biden. Une réforme de la tarification des médicaments n’est plus à l’ordre du jour, tout comme l’expansion du Medicare aux soins dentaires et optiques. Les montants du plan d’investissements dans les énergies durables étaient également bien plus considérables initialement. De même, la taxation des 700 Américains les plus riches, afin de financer les mesures, a été mise de côté.
Financement du plan
La Maison Blanche affirme qu’elle demandera « aux Américains les plus riches et aux entreprises les plus profitables de payer leur juste part ». Elle affirme en outre que le plan ne prévoit pas d’augmenter les impôts sur les petites entreprises ou sur ceux gagnant moins de 400 000 dollars par an. Sont notamment prévus un taux d’imposition minimal de 15% sur les grandes entreprises ou encore un taux de pénalité pour les entreprises étrangères basées dans des pays non-conformes à la réglementation américaine.
Le plan devrait permettre également la suppression d’une niche fiscale qui permet aux plus riches d’éviter de payer la taxe sur le Medicare, et la création d’une nouvelle surtaxe sur les multi-millionnaires et les milliardaires. Enfin des investissements sont prévus pour mieux lutter contre l’évasion fiscale, estimée à 160 milliards de dollars par an en pertes de revenus pour l’État.
LQ/AFP