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États-Unis : les conservateurs se rassemblent autour de Trump


Le conseiller du président américain Donald Trump, Steve Bannon, à National Harbor, aux États-Unis, le 23 février 2017. (Photo : AFP)

Le plus proche conseiller du président américain Donald Trump a salué le rassemblement du camp conservateur autour du nouveau locataire de la Maison Blanche, proclamant l’avènement d’un nouveau «nationalisme économique».

«Un nouvel ordre politique est en train de se former», a déclaré jeudi Stephen Bannon, conseiller de l’ombre avare de déclarations publiques, lors de la grande conférence annuelle des conservateurs CPAC, devant laquelle le président républicain doit s’exprimer vendredi à partir de 15h00.

«Que vous soyez populiste, libertarien ou nationaliste économique, nous regroupons de nombreuses opinions diverses», a dit Stephen Bannon. «Mais le cœur de nos convictions est que nous sommes d’abord une nation, pas une économie insérée dans l’économie mondiale avec des frontières ouvertes». «Nous sommes une culture et une raison d’être, c’est ce qui nous unit», a ajouté celui qui dirigeait le site pro-Trump Breitbart, avant de rejoindre l’équipe de campagne du républicain en août dernier.

« Surpris »

La famille conservatrice, réunie jusqu’à samedi, a mis ses différends avec Donald Trump en sourdine depuis son élection, satisfaite de ses premiers pas au pouvoir. «2017 sera une année historique», a clamé son ex-rival ultraconservateur, le sénateur du Texas Ted Cruz, prédisant que le nouveau Congrès serait le plus productif depuis des décennies.

Dans les allées du rassemblement annuel près de Washington, les participants s’accommodent de ce milliardaire dont ils se sont longtemps méfiés. Beaucoup se souviennent que Donald Trump, comme homme d’affaires, a autrefois soutenu des démocrates, notamment Hillary Clinton. «Nous sommes agréablement surpris par ce que Trump a commencé à faire», dit Steve Hanly, pilote de 61 ans venu du Texas avec son épouse et son fils de 19 ans. Tous les trois avaient soutenu Ted Cruz aux primaires.

Les premières décisions sur l’avortement, l’immigration, la constitution de son gouvernement et la nomination d’un juge conservateur à la Cour suprême ont convaincu cette famille que le nouveau président, même s’il n’est pas «un vrai conservateur», mènera le pays dans la bonne direction. Depuis sa renaissance dans les années 1960, le mouvement repose sur trois piliers: traditionalisme sur les questions de société comme la famille, l’avortement et les armes; libéralisme et réduction du rôle de l’Etat; et politique musclée de défense.

Durant la campagne, Donald Trump a opéré un virage à droite sur la plupart de ces questions, mais il continue de défendre un programme de grands travaux publics, et son discours isolationniste et protectionniste s’oppose à la tradition républicaine. Il y a six ans, le promoteur immobilier s’exprimait pour la première fois à la CPAC, créée en 1973, à la fois hué pour ses provocations et applaudi pour son message anti-élites et contre la Chine et le Mexique.

« Seulement un mois »

Il reviendra vendredi auréolé du succès des élections de novembre, lors desquelles les républicains ont aussi gardé le contrôle du Congrès. L’aile populiste et nationaliste, incarnée d’abord par les rebelles du Tea Party puis plus récemment par les partisans de Donald Trump, a progressivement pris l’ascendant sur cette grand-messe, longtemps dominée par les chrétiens conservateurs et les libertariens.

Dans le hall d’expositions, le groupe «Europe des nations et des libertés» du Parlement européen a pour la première fois acheté un stand, où une vidéo sur Marine Le Pen, la présidente du parti français d’extrême droite Front national, est projetée. Il n’est pas toujours simple pour les dirigeants de se distinguer de la mouvance d’extrême droite dite «alt-right». Jeudi, un leader du mouvement pour la suprématie de la race blanche, Richard Spencer, venu en simple participant, a créé un attroupement à l’extérieur de la salle.

«Je préfèrerais qu’il ne soit pas là», a dit à quelques mètres Matt Schlapp, président de l’Union des conservateurs américains (ACU), qui organise le rassemblement. Le directeur de l’ACU, Dan Schneider, a dénoncé dans un discours cette «droite alternative», constituée de «fascistes de gauche», d’antisémites, de racistes, de sexistes… A ce stade, la gratitude des républicains pour avoir vaincu Hillary Clinton relègue au second plan toute réserve sur le chaos des premières semaines et le retard des grandes réformes promises, notamment l’abrogation d’Obamacare et le Big Bang fiscal. «Cela fait seulement un mois», tempère Charles Quilhot, 60 ans, ancien courtier d’assurances. «Tout met du temps à se mettre en place».

Le Quotidien/AFP