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Etats.Unis : jour J pour la publication du dossier Epstein


Des militants ont déployé devant le Capitole une énorme banderole représentant une photo de Donald Trump et de Jeffrey Epstein. (Photo : afp)

Après moult atermoiements, l’administration Trump s’apprêtait vendredi à dévoiler des centaines de milliers de documents sur le scandale Epstein.

Le gouvernement, qui avait jusqu’à minuit pour s’exécuter aux termes d’une loi adoptée par le Congrès, ne devrait publier qu’une portion du dossier potentiellement explosif sur l’influent financier et criminel sexuel décédé en 2019, a dit Todd Blanche, haut responsable du ministère de la Justice.

«Je m’attends à ce que nous publiions aujourd’hui plusieurs centaines de milliers de documents», a-t-il déclaré sur Fox News, ajoutant que «plusieurs centaines de milliers» d’autres éléments seraient dévoilés «au cours des prochaines semaines».

Cette publication par étapes a suscité la colère du chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, qui a rappelé que la loi était «on ne peut plus claire» et imposait au gouvernement de publier «TOUS les documents» d’ici à minuit et non seulement une partie. «Cela montre simplement que le ministère de la Justice, Donald Trump et (la ministre de la Justice) Pam Bondi veulent tout faire pour cacher la vérité» sur le scandale qui secoue les États-Unis depuis plusieurs années, a-t-il tonné dans un communiqué.

«Ça a pris trop longtemps»

Figure de la jet-set new-yorkaise, Jeffrey Epstein était au cœur d’un réseau d’exploitation sexuelle de mineures qui aurait bénéficié à des personnalités de premier plan. Sa mort en 2019 en prison a alimenté d’innombrables théories du complot selon lesquelles il aurait été assassiné pour étouffer un scandale éclaboussant des personnalités.

Alors qu’il avait fait campagne en 2024 en promettant une totale transparence sur le sujet, Donald Trump a renâclé à mettre en œuvre sa promesse de tout publier, qualifiant l’affaire de «canular» instrumentalisé par l’opposition démocrate et appelant les Américains et sa base MAGA à tourner la page.

Il n’a toutefois pas pu empêcher le Congrès d’adopter une loi faisant obligation à l’administration de publier avant vendredi minuit l’intégralité des documents non classifiés en sa possession sur le financier, sa complice Ghislaine Maxwell, qui purge une peine de vingt ans de prison, et toutes les personnes impliquées dans les procédures judiciaires.

«Ça a pris trop longtemps», s’indigne Mike Costarell, 58 ans, partisan de Donald Trump. «Il est important que quiconque sexualise des enfants réponde de ses actes. Et peu m’importe de quel côté de l’échiquier politique il se trouve ou à quel point il est riche.»

Mais l’inconnue persiste sur la portée des révélations futures alors que l’opposition accuse le gouvernement de vouloir enterrer l’affaire. Le ministère de la Justice a toute latitude pour ne pas publier de noms ou d’informations sensibles. Todd Blanche a prévenu que les documents seraient en partie expurgés pour protéger les jeunes victimes d’Epstein, et qu’il ne fallait pas s’attendre à de nouvelles inculpations.

Les documents pourraient embarrasser des personnalités du monde des affaires, de la politique ou du spectacle qui gravitaient dans l’orbite du financier. Y compris Donald Trump, longtemps proche de Jeffrey Epstein jusqu’à leur brouille dans les années 2000.

Le président, ancienne figure lui aussi de la jet-set new-yorkaise, a toujours démenti avoir eu connaissance du comportement criminel d’Epstein et assure avoir rompu avec lui bien avant qu’il ne soit inquiété par la justice.

L’opposition s’inquiète d’une manipulation

La semaine dernière, des élus de l’opposition ont publié une nouvelle série de photos sur lesquelles on voit le financier en compagnie de l’ex-président démocrate Bill Clinton, d’entrepreneurs à succès comme Bill Gates ou Richard Branson, ou encore du cinéaste Woody Allen. Donald Trump y apparaît également, en compagnie de femmes au visage occulté.

La Maison-Blanche a soutenu que «l’administration Trump (avait) fait plus pour les victimes d’Epstein que les démocrates n’ont jamais fait, en publiant des milliers de pages de documents et en appelant à de nouvelles enquêtes sur les amis démocrates d’Epstein».

L’opposition s’inquiète pour sa part d’une possible manipulation du dossier avant sa publication. Deux sénateurs démocrates ont réclamé dans une lettre ouverte à l’inspecteur général du ministère de la Justice un «audit indépendant» pour garantir que rien n’ait été «ni manipulé ni dissimulé».

 

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