Un Noir américain, passé tout près de l’exécution en 2013, a été innocenté dans une affaire de meurtres mais reste dans le couloir de la mort du Mississippi pour un autre double assassinat, a annoncé lundi le Centre d’information sur la peine capitale (DPIC).
Willie Jerome Manning, 47 ans, devient le 153e condamné à mort innocenté depuis le rétablissement de la peine capitale aux États-Unis, en 1973. Quatre ont été innocentés dans le Mississippi (sud), selon le décompte du DPIC. Il avait été condamné à mort pour le meurtre d’une nonagénaire et de sa fille noires en 1993, ainsi que pour ceux de deux jeunes étudiants blancs d’une vingtaine d’années, en 1992.
Son exécution a été arrêtée in extremis en mai 2013 après que le FBI eut admis la veille deux erreurs d’expertise, a indiqué son avocat Robert Mink. Son cas figurait dans le rapport de l’Inspection générale (OIG) faisant état d’analyses scientifiques et de témoignages douteux du FBI qui ont conduit aux condamnations à mort d’au moins 60 prisonniers, dont trois ont été exécutés.
La condamnation à mort de Willie Manning a été annulée pour le double meurtre d’une personne âgée et de sa fille. Dans cette affaire, il a été innocenté fin avril : toutes les charges retenues à son encontre ont été abandonnées. Dans ce cas, la peine capitale reposait sur le témoignage d’un seul homme qui avait affirmé l’avoir vu entrer dans l’appartement des victimes. Mais l’accusation avait caché à la défense qu’au moment des meurtres, le témoin ne vivait pas là où il l’avait affirmé, face à l’appartement des victimes, et que le logement était vide à ce moment-là.
Le témoin, qui purge lui-même une peine de réclusion à perpétuité pour meurtres dans le Missouri (centre), a depuis retiré son témoignage. Mais Manning « est toujours dans le couloir de la mort », a repris son avocat, car dans le second dossier, si le FBI a invalidé deux analyses qui avaient attesté de sa culpabilité dans le meurtre de deux étudiants blancs de l’Université d’État du Mississippi, il a ordonné de nouvelles analyses ADN dont les résultats ne devraient pas être connus avant plusieurs mois.
« C’est toujours stupéfiant quand un homme est exonéré du couloir de la mort par des preuves de son innocence, mais le cas de M. Manning présente la possibilité inimaginable qu’un innocent ait été condamné à mort par erreur au cours de deux procès différents », a résumé Robert Dunham, directeur du DPIC, dans un communiqué.
AFP