Un parti de défense des animaux en Espagne a obtenu un score électoral remarqué – près de 300 000 voix – aux législatives de dimanche, dans un pays où les opposants à la corrida se font de plus en plus entendre.
Treize ans après sa fondation, le Parti animaliste contre la maltraitance des animaux (Pacma) a réuni 284 848 voix soit 1,19% des suffrages. Il avait obtenu 102 000 voix aux législatives de 2011 puis 220 000 au scrutin de la fin 2015. Le parti milite en particulier pour l’interdiction des spectacles taurins mais a aussi dénoncé « la cruauté » de traditions espagnoles persistantes, comme le placement de boules de feu sur les cornes de taureaux. Certaines pratiques qui faisaient scandale ont cependant été interdites, tel le lancer de chèvre vivante depuis le clocher d’un village, abandonné depuis 2002.
« Preuve de l’intérêt » de la population à la cause animale
Le système électoral, qui favorise les partis de grande taille ou régionaux, n’a pas permis à Pacma d’obtenir des sièges au Congrès des députés. Par comparaison, les nationalistes basques du PNV ont obtenu cinq sièges avec seulement 286 215 voix. Mais Pacma s’est félicité d’ « un très bon résultat », « preuve de l’intérêt » que suscite la défense des animaux en Espagne, a souligné mardi sa porte-parole, Laura Duarte.
La mobilisation de Pacma a notamment amené la région de Castille-et-Leon (nord) à annoncer en mai « l’interdiction de la mise à mort de taureaux en public lors de fêtes taurines populaires et traditionnelles », visant en particulier celle du « Toro de la Vega ». Cette tradition consiste en un lâcher de taureau annuel à travers la bourgade fortifiée de Tordesillas. L’animal est pourchassé par la foule jusqu’à une plaine où il est ensuite blessé à coups de lances jusqu’à ce que mort s’en suive. Cette fête remonte à 1453.
La polémique est vive dans le pays de plus en plus tiraillé entre le respect de ses traditions et défense des animaux. Plusieurs mairies et régions ont adopté ces dernières années des mesures pour ne plus subventionner la tauromachie, voire pour l’interdire. La Catalogne (nord-ouest) a ainsi interdit la corrida en 2012.