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Espagne : nouvel échec en vue de Rajoy pour rester au pouvoir


La confiance ne règne pas vraiment dans le camp de Mariano Rajoy. (Photo AFP)

Le conservateur Mariano Rajoy devait demander vendredi soir une nouvelle fois la confiance de la chambre pour rester au pouvoir, sans espoir de l’obtenir et de sortir l’Espagne d’une impasse politique de huit mois.

Le chef du Parti Populaire devait défendre sa candidature à partir de 19h (heure locale) devant les députés qui l’ont rejetée une première fois mercredi par 180 voix contre 170. Contrairement au premier tour, où il avait besoin de la majorité absolue, une majorité simple suffirait. Mais pour recueillir plus de voix favorables, il faudrait que certains au moins parmi ses opposants s’abstiennent. Or, aucun n’est prêt à le faire.

Si le blocage persiste jusqu’au 31 octobre, le parlement sera automatiquement dissous et les Espagnols, exaspérés, seront convoqués pour la troisième fois aux urnes après les élections du 20 décembre et du 26 juin. Mariano Rajoy ne peut compter que sur ses 137 députés, les 32 libéraux de Ciudadanos auxquels il a promis des réformes, notamment contre la corruption qui éclabousse son parti, et une députée de l’archipel des Canaries. Il a contre lui les nationalistes basques et les indépendantistes catalans, le parti de gauche radicale Podemos qui dénonce sa politique d’austérité et la corruption et le Parti socialiste (PSOE), son adversaire traditionnel, qu’il essaie à tout prix de forcer à s’abstenir.

Un « coût » pour les Espagnols et l’économie

Les conservateurs tiennent les socialistes pour responsables d’un éventuel troisième scrutin. La vice-présidente du gouvernement sortant Soraya Saenz de Santamaria a ainsi demandé aux socialistes de faire preuve de « responsabilité », vendredi à l’issue du Conseil des ministres. Elle a assuré que la poursuite de la paralysie aurait un « coût » pour les Espagnols et l’économie, laissant même planer un doute sur les conséquences d’un retard dans l’adoption du nouveau budget. « Autant que possible, le gouvernement cherchera à assurer la tranquillité », des retraités et des fonctionnaires, a-t-elle dit.

Mais les socialistes sont intraitables. « Nous allons faire ce que nous nous sommes engagés à faire pendant la campagne électorale, ne pas permettre que Rajoy continue à la tête du gouvernement », a assuré jeudi le chef du groupe socialiste à la chambre, Antonio Hernando. D’après son entourage, Pedro Sanchez est convaincu que son parti, en perte de vitesse depuis cinq ans, perdrait toute crédibilité s’il reconduisait au pouvoir Mariano Rajoy, accusé par la gauche d’avoir fermé les yeux sur la corruption de son parti et d’avoir appliqué brutalement pour sortir de la crise une politique d’austérité qui a aggravé les inégalités.