Le juge chargé de l’instruction sur les actions du président catalan destitué Carles Puigdemont et de son gouvernement en vue de l’indépendance enquête désormais sur tout le noyau dur séparatiste, dont la tête de liste du principal parti indépendantiste aux élections de décembre.
Dans un arrêt, le juge demande à la Garde civile d’enquêter sur les responsabilités individuelles des membres des partis indépendantistes tels que le PdeCat de Carles Puigdemont, Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), en tête dans les sondages, et notamment les puissantes associations indépendantistes Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Culturel.
Concrètement, le juge vise les membres d’un présumé « comité stratégique », mis en place pour atteindre l’indépendance et dont l’existence est évoquée dans un document ni daté ni signé retrouvé en septembre lors d’une perquisition chez le bras droit d’Oriol Junqueras, vice-président destitué.
Ce comité aurait été composé, selon le document, de Carles Puigdemont, son vice-président, les dirigeants d’associations indépendantistes et de partis sécessionnistes dont les « secrétaires généraux des partis », un poste occupé par Marta Rovira au sein d’ERC.
Or Marta Rovira est désormais la candidate du parti pour présider la Catalogne en cas de victoire d’ERC lors des élections régionales du 21 décembre.
Concrètement, la décision prise par le juge en pleine campagne électorale implique que Marta Rovira risque à son tour une mise en examen, voire d’être placée en détention, alors que le patron d’ERC Oriol Junqueras est déjà en prison.
Elle menace de poursuites d’autres élus ou ex-élus comme l’ancien président catalan Artur Mas ou Anna Gabriel, porte-parole du parti d’extrême gauche indépendantiste CUP (Candidature d’unité populaire).
Le juge Pablo LLarena est saisi d’une enquête dont le but est de déterminer s’il y a eu une conspiration en vue de déclarer l’indépendance de manière « violente et publique », ce qui relèverait de la rébellion, passible de près de 25 ans de prison.
L’enquête vise également des faits de « sédition », impliquant une « action publique accompagnée de désordres » visant à empêcher l’application des lois, et qui est punie d’une peine maximum de 15 ans.
Pour l’instant 22 personnes font l’objet de poursuites dans son enquête: l’ensemble du gouvernement catalan destitué, soit 14 personnes, la présidente séparatiste du parlement Carme Forcadell et cinq membres de son bureau des présidents, ainsi que les deux dirigeants des associations indépendantistes ANC et Omnium. Quatre sont encore en détention préventive, dont ces derniers et Oriol Junqueras, faute d’avoir ouvertement renoncé à ses « responsabilités publiques ».
Le Quotidien/AFP