Les libéraux de Ciudadanos ont proposé mercredi à Madrid aux directions des deux grands partis conservateur et socialiste de s’asseoir à la table des négociations pour « garantir que l’Espagne ait un gouvernement » et discuter d’un programme de réformes.
« Nous voulons nous asseoir à la table des négociations, explorer toutes les voies possibles, à trois – avec le Parti populaire (PP), le Parti socialiste (PSOE) et Ciudadanos – pour garantir que l’Espagne ait un gouvernement, une législature et un parlement et garantir aussi l’union et la régénération politique du pays », a dit le dirigeant de Ciudadanos, Albert Rivera, lors d’une conférence de presse au siège de son parti.
Ciudadanos est devenu le quatrième parti d’Espagne dimanche avec 40 députés, derrière la formation de gauche radicale Podemos qui a remporté 69 sièges. Evoquant « le défi séparatiste » en Catalogne (nord-est), où le parlement régional a proclamé le début d’un processus de sécession, Albert Rivera a plaidé que les trois partis qui ont en commun d’avoir défendu l’unité de l’Espagne adoptent un « pacte pour l’Espagne, afin que personne ne profite de la faiblesse, de l’incertitude ou de l’instabilité pour casser le pays ».
Il a également insisté sur la nécessité pour l’Espagne d’être « stable économiquement ». « Dès aujourd’hui, je vais entrer en contact avec M. Rajoy et M. Sanchez pour envisager la possibilité d’adopter un accord sur les éléments essentiels ». Il a évoqué la nécessité de « réformes démocratiques urgentes », telles qu’une réforme du système électoral, une réforme des institutions notamment pour renforcer la séparation des pouvoirs, et un pacte pour l’Education.
M. Rivera s’exprimait peu avant une rencontre, au siège du gouvernement, entre le chef du gouvernement conservateur sortant, Mariano Rajoy et le dirigeant socialiste Pedro Sanchez, pour explorer les possibilités de former un gouvernement conservateur minoritaire.
Ayant perdu sa majorité absolue à la chambre basse, M. Rajoy avait proposé dès lundi le dialogue aux partis défendant « l’unité de l’Espagne » et le « respect des règles » de l’UE – autrement dit Ciudadanos et le Parti socialiste – excluant de facto Podemos qui propose un referendum d’autodétermination en Catalogne.
AFP
Le début des grandes manœuvres
Le conservateur Mariano Rajoy a entamé mercredi les grandes manoeuvres pour tenter de se maintenir au pouvoir en Espagne après les élections législatives en recevant son adversaire socialiste Pedro Sanchez qu’il traitait quelques jours plus tôt de « misérable ».
Le chef du gouvernement sortant, dont le Parti Populaire (PP) a perdu dimanche la majorité absolue aux élections, a convié le secrétaire général du Parti socialiste (PSOE) pour explorer les possibilités d’accord. Pour former un gouvernement minoritaire, M. Rajoy aurait besoin de l’abstention des 90 députés du PSOE lors du vote d’investiture à la chambre en plus de celle des 40 députés du parti libéral Ciudadanos, qui lui est déjà acquise. Il s’agit « de voir si le PSOE est prêt à envisager des accords, un dialogue à rechercher le consensus sur certaines questions », a expliqué mercredi le porte-parole du PP à la chambre des députés, Rafael Hernando, ou s’il choisit « le blocage, l’intransigeance et la démagogie ».
Il a démenti les informations du journal El Pais, proche du PSOE, selon lesquelles M. Rajoy serait prêt à offrir aux socialistes la présidence de la chambre. « Ce n’est pas sur la table », a-t-il dit, « chaque chose en son temps ». Jusqu’à présent, les barons du parti socialiste ont opposé un non catégorique à la reconduction de Rajoy à la tête de l’exécutif. Mais M. Sanchez lui-même est resté silencieux. Le tête-à-tête pourrait être tendu.