Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que des députés allemands d’origine turque avaient le « sang corrompu », après le vote par le Bundestag d’une résolution reconnaissant le génocide des Arméniens qui a suscité l’ire d’Ankara.
« De temps en temps, des personnes au sang corrompu n’apparaissent-elles pas ? Si, bien sûr », a déclaré le président Erdogan mercredi soir. « Parfois, ce sont des terroristes qui tirent sur leur État ou leur peuple (…) Parfois, ce sont des députés du Parlement allemand qui accusent leur propre pays de génocide », a-t-il poursuivi. Ces remarques du président turc interviennent une semaine après le vote d’une résolution par les députés allemands, dont 11 élus allemands d’origine turque, reconnaissant le génocide arménien sous l’Empire ottoman. Ankara a réagi avec colère et menacé de prendre des mesures de rétorsion.
Erdogan a précis que ses remarques ne devaient pas être comprises d’un point de vue biologique ou racial. « Dans notre culture, l’expression sang corrompu fait référence à la personnalité. Elle désigne celui qui fait le mal contre son peuple, qui s’entête dans les mauvaises actions. » Le chef de l’État avait déjà estimé le week-end dernier qu’ « il faut analyser dans un laboratoire le sang des députés allemands d’origine turque » qui ont voté en faveur de la reconnaissance du génocide arménien, les accusant d’être « les bras prolongés des terroristes », en allusion aux rebelles kurdes.
Le président de la chambre basse du Parlement allemand, Norbert Lammert, a déploré jeudi qu’ « un président démocratiquement élu puisse, au XXIe siècle, associer ses critiques à l’encontre d’élus démocratiquement élus du Bundestag allemand avec des doutes sur leurs origines turques, décrive leur sang comme corrompu ».