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Erdogan parade à Ankara après sa victoire contestée au référendum


Le chef de l’État turc, accueilli sous les vivats de supporters massés le long des routes, n'a pas répondu aux accusations de fraude pendant le référendum. (photo AFP)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est offert lundi une parade triomphale à Ankara après sa victoire au référendum sur l’extension de ses pouvoirs, un scrutin marqué par une campagne que des observateurs étrangers ont jugée inéquitable.

Accueilli dans la capitale, à son retour d’Istanbul, par une foule de partisans devant l’aéroport Esenboga, le président Erdogan a promis que « les choses iront mieux » après l’entrée en vigueur de la révision constitutionnelle élargissant considérablement les prérogatives présidentielles. Le chef de l’État turc, dont le cortège s’est ensuite dirigé vers le palais présidentiel sous les vivats de supporters massés le long des routes, n’a pas répondu aux accusations des deux principaux partis de l’opposition qui dénoncent des irrégularités pendant le référendum.

Au lendemain d’un référendum dont le score serré illustre la polarisation de la Turquie, la chancelière allemande Angela Merkel a exhorté Erdogan à un « dialogue respectueux » pour apaiser une société turque au bord de l’implosion après une campagne électorale virulente. Loin du plébiscite espéré par le président qui a pourtant engagé toutes ses forces dans la bataille, la révision constitutionnelle a été approuvée à une courte majorité de 51,4%, selon un résultat provisoire diffusé par les médias. La question se pose désormais des relations avec l’Europe, égratignées pendant la campagne. Paris a mis en garde lundi contre le rétablissement de la peine capitale, dont Erdogan entend soumettre à un nouveau référendum, qui provoquerait une « rupture » avec l’Union européenne.

L’opposition veut recompter les voix

Une mission commune d’observateurs de l’OSCE et du Conseil de l’Europe a critiqué en termes vifs la campagne référendaire qui s’est déroulée, selon elle, dans des conditions inéquitables. « Globalement, le référendum n’a pas été à la hauteur des critères du Conseil de l’Europe », a déclaré Cezar Florin Preda, le chef de la délégation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Les deux principaux partis de l’opposition turque, le CHP (social-démocrate) et le HDP (prokurde), sont allés plus loin et ont dénoncé des « manipulations » pendant le scrutin et annoncé leur intention de demander le recomptage des voix. En cause, la décision prise par le Haut-Conseil électoral (YSK), peu après le début du dépouillement des bulletins de vote, de considérer comme valides ceux non marqués du sceau officiel des autorités électorales. L’opposition y a vu une manœuvre rendant possibles des fraudes. Bülent Tezcan, vice-président du CHP, a indiqué que son parti était prêt à saisir la Cour Constitutionnelle, voire la Cour européenne des droits de l’homme. Le chef de l’YSK a repoussé lundi les critiques, affirmant que ces bulletins étaient « valides ».

Relations dégradées avec l’Europe

Aux termes de la réforme, le président deviendra l’unique détenteur du pouvoir exécutif, aura la haute main sur les pouvoirs judiciaire et législatif et pourra prendre des décrets. Le gouvernement présentait cette révision constitutionnelle comme indispensable pour assurer la stabilité de la Turquie, mais l’opposition a déploré une campagne marquée par l’emprisonnement de responsables prokurdes et de journalistes critiques. La campagne pour le référendum aura été caractérisée par une extrême virulence qui a davantage polarisé la société, les dirigeants turcs assimilant les parti sans du « non » à des complices des « terroristes » et des « putschistes ».

Les derniers mois ont également vu une dégradation des relations entre la Turquie et l’UE, Erdogan accusant certains pays de « pratiques nazies » après l’annulation de meetings pour le « oui ».

Le Quotidien/AFP