Le président russe Vladimir Poutine recevait lundi son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, pour discuter des moyens de faire avancer le règlement du conflit syrien, qui reste sans issue politique en vue.
Bien que la Russie soit l’un des principaux alliés du régime de Damas, tandis que la Turquie soutient les rebelles, les deux pays ont travaillé ensemble ces deux dernières années pour mettre fin à la guerre, notamment par le biais du processus de paix d’Astana, dont ils sont les parrains avec l’Iran.
Ces efforts communs ont notamment abouti à la mise en place de zones de désescalade dans certaines régions de la Syrie, permettant une diminution des violences sans les faire cesser complétement. « Nous travaillons pratiquement sur tous les axes » de coopération et « avons la bonne pratique de discuter de manière opérationnelle des sujets d’actualité », s’est félicité Vladimir Poutine au début de sa rencontre avec le président turc dans sa résidence à Sotchi.
« Je suis convaincu que notre rencontre d’aujourd’hui sera très efficace », a assuré pour sa part Erdogan, selon ses propos traduits en russe. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que le principal sujet de discussion serait « la situation en Syrie, le fonctionnement des zones de désescalade et la poursuite du processus de règlement politique ».
Pour la Turquie, « la meilleure solution » pour le conflit en Syrie est « politique », a dit aux journalistes le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu. « Sans un cessez-le-feu, nous ne pouvons pas parler d’une solution politique (…) Nous avons fait beaucoup de progrès sur cette voie et nous pouvons accorder plus d’attention au processus politique », a-t-il estimé.
Les deux dirigeants s’étaient déjà rencontrés en septembre à Ankara, où ils avaient décidé de faire pression en faveur de la création d’une zone de désescalade dans la région d’Idleb, dans le nord de la Syrie. Depuis, la Russie a proposé de réunir toutes les forces politiques syriennes pour aboutir à un règlement du conflit qui a fait plus de 350 000 morts.
Mais l’opposition et les Occidentaux se sont dits sceptiques et aucune date n’a été fixée. D’autres pourparlers sont prévus pour à partir du 28 novembre à Genève, sous l’égide de l’ONU. La Russie, dont l’armée intervient en Syrie depuis plus de deux ans, a permis au régime syrien de reprendre le contrôle d’une grande partie du territoire mais peine à arriver à des progrès au niveau politique.
Depuis 2011 et le début du conflit meurtrier qui ravage la Syrie, toutes les initiatives prises en vue de parvenir à un règlement pacifique ont échoué, le sort à réserver au président Assad étant la principale pierre d’achoppement. « La Russie, qui est dans une position très difficile (en Syrie), ne peut tout simplement pas se permettre de perdre des alliés ou même des partenaires », a affirmé l’expert russe Alexeï Malachenko, ajoutant que Poutine et Erdogan avaient « besoin l’un de l’autre » dans ce conflit.
Les deux dirigeants s’étaient réconciliés en août 2016 après plus d’un an de grave crise dans leurs relations à la suite de la destruction d’un avion russe par la Turquie à la frontière syrienne fin 2015. Signe de l’entente entre les deux pays, Recep Tayyip Erdogan avait annoncé en septembre qu’il avait signé avec la Russie un contrat portant sur l’achat de systèmes de défense antiaérienne S-400, suscitant l’inquiétude de l’Otan dont la Turquie est un pays membre.
Selon Alexeï Malachenko, l’économie devrait aussi être l’un des sujets de discussion.
Le Quotidien/ AFP