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Erdogan dénonce la « trahison » de certains pays arabes face au plan Trump


Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué les pays arabes restant "silencieux" face au plan Trump. Il n'hésite pas à parler de "trahison". (Photo AFP)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi certains pays arabes de commettre une « trahison » en restant « silencieux » face au plan « scandaleux » des États-Unis censé, selon le président américain Donald Trump, régler le conflit israélo-palestinien.

« Les pays arabes qui soutiennent un tel plan commettent une trahison envers Jérusalem, ainsi que leur propre peuple et, plus important, toute l’humanité », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’un discours devant des responsables de son parti, l’AKP, à Ankara. « L’Arabie saoudite est silencieuse. Quand vas-tu faire entendre ta voix ? Oman, Bahreïn, pareil. Le gouvernement d’Abou Dhabi applaudit. Honte à vous ! Honte à vous ! », a lancé le président turc.

Recep Tayyip Erdogan, ardent défenseur de la cause palestinienne, avait jugé mercredi que ce plan, qui présente notamment Jérusalem comme la « capitale indivisible d’Israël », était « absolument inacceptable ». Le plan présenté par Donald Trump permet également l’annexion par Israël de territoires occupés en dépit du droit international. Les dirigeants palestiniens ont immédiatement refusé de négocier sur cette base. « La Turquie ne reconnaît pas et n’accepte pas ce plan qui anéantit la Palestine et fait main basse sur Jérusalem », a déclaré Recep Tayyip Erdogan vendredi, qualifiant de « scandaleuses » les propositions américaines. « Jérusalem est notre ligne rouge », a-t-il souligné. « Abandonner la totalité de Jérusalem aux griffes ensanglantées d’Israël reviendrait à commettre un grand tort envers l’humanité », a ajouté le président turc.

Jérusalem, un point de friction

L’importance de Jérusalem pour les musulmans est notamment due à la présence de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam. « Si nous ne parvenons pas à protéger la mosquée al-Aqsa, demain les mauvais regards se tourneront vers la Kaaba », sanctuaire le plus saint de l’islam situé à La Mecque, en Arabie saoudite, a mis en garde Recep Tayyip Erdogan. Le chef de l’Etat turc a également exhorté « les chrétiens, qui eux aussi ont des droits sur Jérusalem, à protéger » cette ville considérée comme sacrée par les trois grandes religions monothéistes.

Jérusalem est un point de friction dans les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, déjà très tendues sur de nombreux dossiers internationaux. Les dirigeants turcs avaient critiqué avec virulence l’initiative du président Trump qui avait reconnu en 2017 Jérusalem comme la capitale de l’Etat d’Israël, et y avait déplacé l’ambassade américaine. La presse turque proche du pouvoir s’en prend régulièrement à certains pays arabes, notamment l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qu’elle accuse de s’être rapprochés d’Israël sur fond d’hostilité commune envers l’Iran. Les relations de la Turquie avec ces deux pays se sont dégradées après l’assassinat, à Istanbul en 2018, de l’éditorialiste saoudien Jamal Khashoggi. En dépit des tensions, Recep Tayyip Erdogan s’en prend rarement frontalement à Ryad.

AFP/LQ