Un régime de dispense de visas de l’Union européenne, permettant aux ressortissants du Kosovo de se rendre dans la zone sans frontières de l’Europe, est entré en vigueur ce lundi.
Le nouveau régime, entré en vigueur à minuit (dimanche), permet aux Kosovars de se rendre dans la zone Schengen sans passeport ni visa pour des périodes allant jusqu’à 90 jours sur une période de 180 jours.
« Ce jour est important. Une grande injustice a été supprimée et un grand droit a été gagné », a affirmé le Premier ministre Albin Kurti, à l’aéroport de Pristina en saluant les 20 gagnants d’un jeu organisé par le gouvernement au sein d’une campagne destinée à faire connaître les nouvelles règles.
« C’est un grand soulagement… ça fait du bien », a lancé l’un des gagnants, Rushit Sopi, homme d’affaires de 48 ans avant d’embarquer pour Vienne. À la tête d’une entreprise produisant portes et fenêtres il voyage régulièrement dans l’Union européenne. « Chaque visa me coûtait 300 euros. Quand j’ai changé de passeport, j’ai réalisé que les visas pour l’UE m’avaient coûté 2 500 euros », a-t-il complété.
Le Kosovo, avec une population de 1,8 million d’habitants, est le dernier des six pays des Balkans occidentaux à bénéficier d’un tel régime.
La réforme est perçue par cette ancienne province de Serbie, qui a proclamé son indépendance en 2008, comme une étape clé vers une pleine reconnaissance.
« Des citoyens de seconde classe »
Selon la Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE, le Kosovo remplissait en 2018 tous les critères nécessaires pour le régime d’exemption de visa, y compris la gestion des frontières et des migrations.
Mais l’approbation a été retardée par la France et les Pays-Bas, préoccupés par la possibilité de nouvelles vagues migratoires, ainsi que par cinq autres membres de l’UE (Chypre, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et l’Espagne).
Ces cinq pays ne reconnaissent pas l’indépendance du Kosovo, qui a présenté en décembre 2022 sa demande officielle de candidature à l’UE. « Jusqu’à maintenant, l’Europe nous traitait comme des citoyens de seconde classe », a souligné Agim Gosalci, un ingénieur de 61 ans.
L’UE joue un rôle de médiation entre le Kosovo et la Serbie depuis des années pour tenter de résoudre les tensions opposant ces deux voisins, mais n’a pas réussi à obtenir de percée jusqu’à présent dans la normalisation de leurs relations.
Avant que l’UE ne supprime le régime des visas pour le Kosovo, les détenteurs de passeports kosovars pouvaient se rendre sans visa dans seulement 14 pays du monde.
Ces derniers mois, le gouvernement de Pristina a mené une campagne de sensibilisation pour inciter la population à ne pas abuser de la liberté de voyager en recherchant un emploi dans l’UE.
Lundi, le Premier ministre Albin Kurti, qui mène lui-même la campagne, s’adressera aux premiers résidents du Kosovo qui voyageront de l’aéroport de Pristina vers l’UE sans visa.