Roger Stone, ami et conseiller de longue date de Donald Trump, a été arrêté vendredi et inculpé dans l’enquête sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne de milliardaire républicain et Moscou, dernier proche en date du président américain à être mis en cause par ces investigations empoisonnant son mandat.
Roger Stone a été inculpé de sept chefs d’accusation, dont ceux de fausses déclarations, de subornation de témoin et d’obstruction à une procédure officielle, ont déclaré les équipes du procureur spécial Robert Mueller chargé de l’enquête russe. Roger Stone, 66 ans, a été arrêté tôt vendredi matin à Fort Lauderdale en Floride, « à la suite d’une inculpation par un grand jury fédéral le 24 janvier 2019 ». CNN a diffusé des images de l’interpellation montrant des agents du FBI lourdement armés entourant la maison où se trouvait Roger Stone avant l’aube.
Ce proche de Trump depuis au moins trois décennies doit comparaître à 11h locales vendredi devant une juge à Fort Lauderdale. Selon le document de justice, Roger Stone « clamait à la fois publiquement et en privé avoir communiqué avec l’Organisation 1 » autour d’août 2016. Cette organisation, WikiLeaks, a diffusé en octobre 2016 des messages piratés du camp démocrate dans le but affiché d’influencer l’élection présidentielle au détriment d’Hillary Clinton. Le site a de son côté nié toute communication directe avec Stone. Or il était membre de l’équipe de campagne de Donald Trump « jusqu’à ou autour d’août 2015 et a maintenu un contact régulier et soutenu publiquement la campagne Trump jusqu’à l’élection de 2016 », poursuit le document judiciaire.
« Pendant l’été 2016, Stone a discuté avec des hauts responsables de la campagne Trump à propos de l’Organisation 1 et des informations qu’elle pourrait avoir qui seraient préjudiciables à la campagne de Clinton. »
« Des mesures pour entraver » l’enquête
En décembre 2018, Roger Stone avait nié tout contact durant la campagne présidentielle américaine de 2016 avec Julian Assange, le créateur de WikiLeaks. Le conseiller informel de Donald Trump est notamment accusé d’avoir « pris des mesures pour entraver » les investigations sur les ingérences russes dans l’élection présidentielle américaine de 2016. Il lui est reproché d’avoir « fait de nombreuses fausses déclarations » à la commission du renseignement de la Chambre des Représentants sur ses interactions avec Wikileaks.
Le procureur Mueller et ses services tentent de déterminer depuis plus d’un an et demi s’il y a eu collusion ou coordination entre l’équipe de campagne de Donald Trump et Moscou en 2016. Cette nouvelle inculpation d’un proche du magnat de l’immobilier dans ces investigations tentaculaires est une mauvaise nouvelle pour Donald Trump, qui clame à cor et à cri qu’il n’y a eu aucune collusion avec Moscou. Jusqu’ici, les investigations supervisées par Robert Mueller n’ont pas directement mis en cause le milliardaire républicain.
Elles ont en revanche débouché sur de multiples inculpations et sur des condamnations de proches collaborateurs du 45e président des États-Unis. Son ancien avocat, Michael Cohen, a été condamné à trois ans de prison, notamment pour infractions à la législation sur le financement des campagnes électorales. Paul Manafort, qui a été un temps directeur de l’équipe de campagne de Trump, a lui été jugé coupable de malversations financières liées à des activités en Ukraine antérieures à la présidentielle de 2016. Et Michael Flynn, ancien conseil à la sécurité nationale du président, a plaidé coupable d’avoir menti aux enquêteurs sur ses liens avec des responsables russes.
Donald Trump, lui, critique régulièrement cette enquête, la qualifiant de « chasse aux sorcières », et accuse le procureur Mueller d’être en mission commandée au service des démocrates.
LQ/AFP