Reprise des contaminations dans les maisons de retraite, infections en forte hausse, vaccinations à l’arrêt: l’inquiétude autour du Covid ressurgit en Allemagne au moment où le pays se cherche un nouveau gouvernement.
Angela Merkel, chargée d’expédier les affaires courantes avant la formation d’une nouvelle équipe appelée à être dirigée par le social-démocrate Olaf Scholz, a elle-même tiré la sonnette d’alarme ce week-end.
L’évolution actuelle dans les hôpitaux et le nombre de décès « m’inquiètent beaucoup (….) et devraient tous nous inquiéter », a déclaré en marge de son ultime sommet du G20 à Rome la chancelière, qui a affronté avec le Covid-19 sa plus grave crise en 16 années de mandat. L’heure est « de nouveau à une certaine insouciance », avec la levée de nombreuses restrictions ces derniers mois, regrette ainsi Mme Merkel, alors que les derniers chiffres ne sont pas bons.
Mauvais chiffres
L’épidémie repart en effet à la hausse dans un pays durement frappé à l’automne dernier et cet hiver mais qui pensait avoir en partie tourné la page épidémique. Quelque 9.658 nouveaux cas ont été officiellement recensés lundi, soit 3.085 de plus que le lundi précédent.
Le taux d’incidence sur sept jours atteignait 154,8, contre 149,4 la veille et 110,1 il y a une semaine, selon l’institut de veille sanitaire Robert Koch. Comme souvent depuis le début de la pandémie, les territoires de l’Est – frontaliers de la République tchèque ou de la Pologne – sont particulièrement frappés, la Thuringe enregistrant une incidence de 314,9, juste devant la Saxe (291,6).
Plusieurs professionnels de santé ont fait état ces derniers jours d’un nouvel afflux de malades dans les hôpitaux, en grande majorité des personnes non vaccinées. Les hospitalisations de patients atteints du Covid ont augmenté de 40% en l’espace d’une semaine, selon la Société des hôpitaux allemands. En soins intensifs, la hausse atteint 15%.
Avec ce cortège de mauvais chiffres réapparaissent aussi des foyers de contamination, en particulier dans les maisons de retraite. Dans un établissement de la région de Mecklembourg-Poméranie, 66 des 83 résidents ont ainsi été contaminés et 14 sont morts, après une vague d’infection probablement déclenchée par l’organisation d’une fête début octobre. Seuls 6% des résidents n’étaient pas vaccinés mais près d’un membre sur trois de l’encadrement n’avait pas reçu de dose, ce qui a sans doute accéléré les contaminations.
Des cas similaires ont été signalés dans plusieurs autres Länder. A Norderstedt, près de Hambourg, une enquête a été ouverte pour déterminer si des membres du personnel non vaccinés ont pu contaminer 68 des 76 résidents d’une maison de retraite. Face à cette dégradation, la chancelière a prévenu que des mesures devaient être rapidement prises, sans doute dès cette semaine, lors d’un sommet réunissant gouvernement et régions allemandes. « Nous devons tous nous serrer les coudes » et faire en sorte de « garder la pandémie sous contrôle », a renchéri M. Scholz depuis Rome où Mme Merkel l’a présenté aux autres dirigeants comme son très probable successeur.
Merkel « très attristée »
Ces cas ont relancé le débat sur l’éventuelle vaccination obligatoire des personnels soignants, soutenue par 72% de l’opinion, selon un sondage pour la chaîne publique ZDF. Contrairement à des pays comme la France ou l’Italie, elle n’existe pas en Allemagne, où les autorités craignent – pour des raisons historiques – d’être accusées d’empiéter sur les libertés publiques.
Le gouvernement demande néanmoins aux Länder de rouvrir les centres de vaccination, fermés depuis fin septembre, pour relancer une campagne de vaccination qui piétine et donner accès aux personnes les plus fragiles à une dose de rappel. Quelque 85% des plus de 60 ans ont bénéficié d’un schéma vaccinal complet, mais l’efficacité tend à s’émousser au fil des mois.
« Nous devons faire quelque chose pour que la troisième vaccination soit faite », a fait valoir Mme Merkel, par ailleurs « très attristée » que « deux ou trois millions d’Allemands de plus de 60 ans ne soient toujours pas vaccinés ». « La pandémie est désormais essentiellement une pandémie de personnes non vaccinées », a-t-elle relevé.
LQ/AFP