Emmanuel Macron reçoit vendredi plusieurs dirigeants politiques allant du PS aux LR en passant par ceux de son propre camp en vue de la formation d' »un gouvernement d’intérêt général », après la censure de Michel Barnier mercredi.
Le chef de l’Etat, qui s’est dit à la recherche d’un « arc de gouvernement », a tenté jeudi soir de reprendre la main lors d’une allocution télévisée, où il a promis la nomination d’un nouveau Premier ministre « dans les prochains jours ».
Il reçoit en début de matinée les dirigeants du camp macroniste (Renaissance, MoDem, Horizons, Radicaux, UDI), puis à midi le chef des députés socialistes Boris Vallaud et son homologue du Sénat Patrick Kanner, ainsi que le chef du parti Olivier Faure. En début d’après-midi, ce sera au tour des dirigeants de LR.
L’annonce du nom d’un nouveau chef de gouvernement n’est pas attendue avant le week-end, voire lundi, et encore davantage de temps devrait être requis pour connaître la composition de sa nouvelle équipe.
Entre-temps, Emmanuel Macron doit s’offrir une parenthèse avec la réouverture en grande pompe de Notre-Dame samedi, où plusieurs dizaines de chefs d’Etat ou de gouvernement, dont le président élu américain Donald Trump, sont attendus.
Le Rassemblement national, la France insoumise, les Ecologistes et les communistes n’ont pas été invités à l’Elysée à ce stade, alimentant les spéculations sur une tentative d’enfoncer un coin au sein de l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire.
Emmanuel Macron « a forgé son propre arc républicain et n’a pas beaucoup de flèches dans son arc », a ironisé la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier sur RMC.
Coalition
« Nous irons à l’Elysée parce que nous l’avons demandé », a assuré le premier secrétaire du PS Olivier Faure. « Ceux qui pensent que le Parti socialiste est à vendre se trompent », a-t-il d’emblée mis en garde. Tête de liste des socialistes aux européennes, Raphaël Gluscksmann va plus loin en appelant sur RTL à former « un gouvernement majoritaire » à l’Assemblée avec « un contrat de législature ».
« Les socialistes font ce qu’ils veulent », a balayé de son côté le coordinateur Insoumis Manuel Bompard, tout en jugeant qu' »aller discuter ou négocier une forme de coalition avec les macronistes (…) c’est une rupture avec les engagements pris devant les électeurs. »
Pour M. Macron, le nouveau gouvernement devra représenter « toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer », a-t-il fixé jeudi comme cahier des charges, promettant en outre un « gouvernement resserré ».
Première « priorité » du nouveau Premier ministre: « le budget, alors que les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure ».
En attendant un budget l’année prochaine, une loi spéciale sera déposée « avant la mi-décembre au Parlement », a affirmé le président, en décrivant une « loi temporaire » qui « permettra la continuité des services publics et de la vie du pays » en appliquant « pour 2025 les choix de 2024 ».
Qui pour porter ce chantier ? François Bayrou est d’autant plus cité qu’il a déjeuné jeudi avec le président à l’Elysée et s’est également entretenu avec un autre prétendant, l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Le nom du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, ou du maire de Troyes, François Baroin, circulent également.
« Jusqu’en 2027 »
Lors de son adresse télévisée, Emmanuel Macron s’en est en outre pris à « l’irresponsabilité » d’un « front anti-républicain » au sein duquel « l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies » contre Michel Barnier. En réaction à la censure, le président a assuré qu’il « n’assumera jamais l’irresponsabilité des autres, et notamment des parlementaires qui ont choisi en conscience de faire tomber le budget et le gouvernement de la France à quelques jours des fêtes de Noël ».
Rejetant ces attaques, le patron du RN, Jordan Bardella, souhaite être reçu « très rapidement » par le futur Premier ministre, afin « que chaque force politique représentée au Parlement puisse faire connaître ses lignes rouges ». « Ce sont toujours les mêmes » pour le RN, a-t-il ajouté.
Alors qu’Emmanuel Macron a fustigé le « sens du chaos » de ceux qui « ne pensent qu’à une seule chose, l’élection présidentielle, pour la préparer, pour la provoquer, pour la précipiter », Jean-Luc Mélenchon lui a répondu qu’il était « la cause du problème », prédisant que le président « s’en ira par la force des événements ».
Mais le chef de l’Etat a répété qu’il entendait accomplir son mandat « jusqu’à son terme » en 2027.
Pointé comme le principal responsable de la situation politique après sa dissolution surprise de l’Assemblée, Emmanuel Macron a reconnu que cette décision « n’a pas été comprise ». « Beaucoup me l’ont reprochée et je sais, beaucoup continuent de me le reprocher », a-t-il admis.