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Élections test aux Pays-Bas après la fusillade d’Utrecht


Le Premier ministre, Mark Rutte, glissant son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote de La Haye, mercredi matin. (photo AFP)

Les électeurs néerlandais se rendent aux urnes mercredi pour des élections provinciales qui prennent des allures de référendum sur la politique du Premier ministre centriste, Mark Rutte, dont la fin de la campagne électorale a été marquée par une fusillade sanglante à Utrecht.

Possible attaque terroriste, la fusillade dans un tramway lundi à Utrecht (centre des Pays-Bas), qui a fait trois morts, a encouragé des partis de droite à propulser le sujet de l’immigration au premier plan des derniers débats de la campagne électorale dans un pays sous le choc. Un suspect d’origine turque a été arrêté et la piste terroriste est étudiée « sérieusement ».

Le scrutin sera suivi avec intérêt au-delà des frontières à l’approche des élections européennes en mai, qui pourraient voir une forte poussée des partis populistes.

Au lendemain de la fusillade d’Utrecht, tous les partis politiques ont interrompu leur campagne pour ces élections provinciales, qui servent à élire les membres de la chambre haute du parlement.

À l’exception du parti populiste et eurosceptique Forum voor Democratie (FvD) de Thierry Baudet qui a poursuivi ses activités avec un rassemblement lundi soir à Scheveningen, un quartier de La Haye, suscitant de vives critiques de la part des autres formations.

« Dégoûtant » 

Lors de son meeting, le jeune et télégénique Thierry Baudet n’a pas hésité à accuser le gouvernement de Mark Rutte de mener une politique d’immigration « naïve ». Il a déclaré qu’un « changement de cap s’imposait, sinon cela se produira plus souvent aux Pays-Bas », en référence à l’attaque d’Utrecht.

Le refus de Thierry Baudet d’interrompre sa campagne a suscité la réprobation de plusieurs députés et a été qualifié de « dégoûtant » par Rob Jetten, chef du parti progressiste de gauche D66, membre de la coalition gouvernementale.

Thierry Baudet est connu pour ses propos controversés. Il a notamment jugé que « les femmes en général excellent moins professionnellement et sont moins ambitieuses ». Il a justifié son choix de poursuivre ses meetings en estimant que « nombre de réactions (à la fusillade) semblaient un peu superficielles et pas sincères ».

D’après les sondages, la coalition gouvernementale de centre-droit, constituée de quatre partis, risque de perdre son infime majorité à la chambre haute.

Les observateurs et les médias néerlandais prédisent une victoire de GroenLinks, parti écologiste de gauche mené par Jesse Klaver, un jeune politicien connu à l’étranger pour sa ressemblance avec le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.

« Référendum sur Rutte » 

À l’autre extrémité, le parti de Thierry Baudet pourrait venir titiller la formation de Geert Wilders, député populiste anti-islam à la chevelure platine. S’ils joignent leurs forces, ces deux partis pourraient former le plus grand bloc d’opposition à la chambre haute.

Aux yeux du Parti socialiste (SP), ces élections sont clairement un « référendum sur Rutte », même si ce dernier a déjà déclaré qu’il ne se retirerait pas en cas de perte de la majorité gouvernementale. Dans ce cas, il sollicitera le soutien d’autres formations politiques pour faire voter les lois de la coalition, a-t-il précisé.

Le scrutin de mercredi permettra l’élection de quelque 570 représentants dans les 12 provinces du pays. Ces dernières désigneront à leur tour les délégués qui siégeront en leur nom à la Chambre haute qui compte 75 sièges.

Le taux de participation aux élections provinciales est traditionnellement faible : 56% en 2011 et près de 48% en 2015. À titre de comparaison, en 2017, 82% des électeurs se sont rendus aux urnes pour les élections législatives qui permettent d’élire les députés.

AFP