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Élections locales en Angleterre : un scrutin pour ou contre Theresa May


Une défaite constituerait un nouveau coup dur pour Theresa May qui, affaiblie par son revers aux élections nationales de juin 2017, peine à maintenir l'unité au sein de son parti. (photo AFP)

Les Anglais votent jeudi pour renouveler leurs instances locales, un scrutin à valeur de test pour le gouvernement conservateur de Theresa May, divisé et affaibli à moins d’un an du Brexit.

Ces élections locales sont le premier scrutin depuis les législatives de juin 2017 qui avaient coûté sa majorité absolue à Theresa May et vu le Parti travailliste (Labour) de Jeremy Corbyn, première formation d’opposition du pays, monter en puissance. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h locales et fermeront à 22h. Les résultats commenceront à être connus dans la nuit mais le nouveau paysage politique local ne se précisera totalement que vendredi. Plus de 4 300 sièges sont en jeu dans quelque 150 conseils locaux d’Angleterre, notamment dans les principales villes, Londres, Manchester, Leeds et Newcastle.

Chargés notamment des questions d’éducation et de la gestion des déchets, certains conseils seront renouvelés entièrement, d’autres par tiers ou moitié seulement. La capitale constitue un des principaux enjeux du scrutin, les travaillistes y ambitionnant de ravir plusieurs boroughs (arrondissements) traditionnellement conservateurs, comme Westminster et Wandsworth. A Kensington et Chelsea, les Tories pourraient payer pour l’incendie de la tour Grenfell qui avait fait 71 morts en juin 2017, dont ils sont tenus pour responsables par les survivants.

Ces élections locales pourraient aussi être l’occasion pour les électeurs de se prononcer, par ricochet, sur la politique nationale de l’exécutif de Theresa May.

Questions nationales dans le débat

« Les coupes subies par les conseils locaux, elles sont dues à la politique d’austérité du gouvernement central », a estimé Joe Batty, 54 ans, qui travaille pour une organisation caritative, après avoir voté à Islington (nord de Londres). Joyce Mason, une retraitée de 79 ans, a affirmé que les coupes budgétaires affectant le service public de santé et les hôpitaux avaient pesé sur son choix. « Mon mari a été hospitalisé après Noël, il délirait, il était très malade mais il est resté sur le brancard de six heures du matin à une heure le lendemain matin », a-t-elle déploré. « Je sais qu’ils sont sous pression (..) mais nous n’avions rien vu de pareil auparavant ».

Mais la partie n’est pas pour autant gagnée d’avance pour le Labour, incarné par Jeremy Corbyn, dont le positionnement très à gauche clive son propre parti. Au contraire, Jeanette Barton, une conductrice de taxi de 64 ans, a dit elle vouloir rompre avec une tradition familiale consistant à voter travailliste. « J’aimerais éjecter le Labour du borough, c’est pourquoi je vote conservateur. Je n’aime pas Jeremy Corbyn ».

Une défaite constituerait un nouveau coup dur pour Theresa May qui, affaiblie par son revers aux élections nationales de juin 2017, peine à maintenir l’unité au sein de son parti, divisé entre partisans d’un Brexit dur et défenseurs du maintien de la relation la plus étroite possible avec l’UE. Ces élections se tiennent aussi quelques jours seulement après la démission dimanche de la ministre de l’Intérieur Amber Rudd, emportée par le scandale entourant le traitement des immigrés d’origine caribéenne arrivés au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale.

Le Brexit, prévu fin mars 2019, s’est aussi inscrit en toile de fond de ces élections locales. Les partis de l’opposition – le Labour mais aussi le Parti libéral démocrate et les Verts – ont courtisé les électeurs conservateurs mécontents ainsi que les immigrés européens, autorisés à voter au niveau local. Ces derniers pourraient se prononcer au vu de la direction prise par le gouvernement conservateur au sujet du processus de sortie du Royaume-Uni de l’UE.

Le Quotidien/AFP