Les conservateurs ont remporté dimanche les élections législatives en Espagne devant les socialistes qui ont résisté à la coalition dirigée par le parti anti-austérité Podemos dans ce scrutin tenu trois jours après le Brexit.
Ce résultat après dépouillement de 95% des bulletins, est proche de celui des élections de décembre, quand la fragmentation des voix entre quatre partis avait conduit à un blocage politique et à la convocation d’un second scrutin en six mois.
Le Parti populaire (PP) du chef du gouvernement sortant Mariano Rajoy remporte 137 députés, contre 123 en décembre. Il reste cependant loin de la majorité absolue de 176 sur 350.
Le Parti socialiste, qui alterne au pouvoir avec le PP depuis plus de 30 ans, est crédité de 85 sièges, contre 90 en décembre mais reste la première force d’opposition.
La coalition Unidos Podemos, formée par Podemos et le petit parti Izquierda Unida, héritier du Parti Communiste, a obtenu de 71 sièges. Un résultat similaire à celui de décembre quand Podemos avait eu 69 députés et Izquierda Unida deux.
Podemos déçu
Le numéro 2 de Podemos, Iñigo Errejon a reconnu ce n’étaient « pas de bons résultats » pour son parti. « Ce ne sont pas ceux que nous espérions et ils ne sont pas bons pour l’Espagne parce qu’ils retardent le processus de changement politique ».
Les mises en garde de Mariano Rajoy contre les « expérimentations… des extrémistes et des radicaux » après le Brexit, semblent avoir payé.
Luis Fernandez, un travailleur social madrilène de 37 ans, a été convaincu. « Podemos c’est le changement pour le pire. Dans le temps j’ai voté PSOE mais cette fois je vote Rajoy parce que je préfère le danger qu’on connaît à celui qu’on ne connaît pas ».
Les résultats officiels contredisent le sondage sortie des urnes de la télévision publique qui donnait Unidos Podemos devant les socialistes et les partis de gauche proches de la majorité absolue.
Pablo Iglesias, le chef de Podemos, veut gouverner avec le PSOE, qu’il appelle « la vieille social-démocratie ». Mais les tensions sont telles entre ces deux formations rivales que leur alliance semble improbable. Ils n’avaient pas réussi à s’entendre la dernière fois.
Ce professeur d’université de 37 ans dit ne pas se décourager à cette perspective. Podemos « gouvernera l’Espagne tôt ou tard », a-t-il assuré en déposant son bulletin dans l’urne.
Podemos promet de mettre fin à l’austérité en relançant les dépenses sociales et de mettre fin à la corruption.
Le message a porté pour Jonatan Mora, un physiothérapeute de 31 ans qui a voté Podemos à L’Hospitalet de Llobregat près de Barcelone. « Je veux un changement général, profond, et Unidos Podemos est le seul qui peut le réaliser », a-t-il dit. « Je veux qu’on chasse les corrompus, qu’on prenne en compte les questions sociales et qu’on écoute les citoyens ».
Le parti libéral Ciudadanos, quatrième des principales formations et lui aussi nouveau venu sur la scène nationale, recule. Il ne recueille que 32 sièges, loin des 40 remportés en décembre quand il avait séduit les électeurs du PP en dénonçant la corruption. Mais il peut cette fois apporter un soutien précieux au PP.
Longues tractations
Les tractations pour former un gouvernement s’annoncent à nouveau longues et difficiles. La dernière fois Mariano Rajoy avait attendu que les autres partis échouent à former un gouvernement. Aucun ne voulait gouverner avec le PP, affaibli par de nombreux scandales de corruption et la dure politique d’austérité qu’il avait imposé au pays pour le sortir de la crise,
Rajoy table sur cette fois sur la division de la gauche pour qu’elle le laisse former un gouvernement et évite ainsi aux électeurs exaspérés un troisième retour aux urnes.
Justina Zamora, une retraitée de 65 ans qui a voté pour le PSOE près de Barcelone, a exprimé l’espoir que cette fois-ci les partis « seront capables de dépasser leurs égoïsmes et de former un gouvernement. Chacun doit y mettre du sien ».
Le Quotidien / AFP