Après quatre ans de rigueur imposée aux Portugais, la coalition sortante de droite pourrait réussir l’exploit de se maintenir au pouvoir à l’issue des élections législatives de dimanche, mais risque d’être confrontée à un scénario d’instabilité politique.
Si tous les derniers sondages donnent l’avantage à l’alliance entre le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) et le CDS (droite), la créditant en moyenne de 37,5% des intentions de vote, contre 32,5% à l’opposition socialiste, aucun ne lui confère une majorité absolue.
« J’espère que le pays ne sera pas bloqué au lendemain des élections, faute d’absence de majorité au Parlement », s’est inquiété vendredi le Premier ministre sortant Pedro Passos Coelho, appelant les Portugais à lui donner « la stabilité nécessaire pour gouverner ».
Un an et demi après la sortie du Portugal de son plan de sauvetage international, la perspective d’un gouvernement minoritaire, suspendu à des accords parlementaires aléatoires, suscite des inquiétudes sur la poursuite des réformes.
« Une impasse politique risque de compliquer une situation déjà délicate, notamment sur un plan financier, et de retarder l’indispensable assainissement budgétaire », commente Joao Cesar das Neves, professeur d’économie à l’Université catholique de Lisbonne.
« L’issue des élections peut déboucher sur un vide du pouvoir, entraînant de l’instabilité et une augmentation du coût de la dette », renchérit Pedro Lino, analyste de la société de courtage Dif Broker.
De retour sur les marchés après s’être affranchi de la tutelle de la troïka (UE-FMI-BCE) en mai 2014, le Portugal bénéficie de taux d’intérêt historiquement bas, à 2,35% pour l’échéance à dix ans, mais sa dette reste très élevée, frôlant les 130% du PIB.
« Pays ingouvernable »
« La victoire risque d’avoir un goût de défaite, avec un pays ingouvernable et des élections anticipées dans un an », pronostique José Guedes, 60 ans, venu applaudir le Premier ministre lors de son dernier meeting à Lisbonne.
Mais la sortie de l’euro exigée par le Parti communiste portugais, aux scores électoraux inédits en Europe occidentale (autour de 10%), et la restructuration de la dette prônée par le Bloc de gauche sont des lignes rouges que le PS ne semble pas prêt à franchir.
« Il faut tourner la page de l’austérité sans remettre en cause notre appartenance à l’euro », a assuré Antonio Costa tout au long de la campagne.
En cas de blocage, « la solution, certes provisoire, pourrait passer par un gouvernement dirigé par une personnalité qui inspire confiance à la droite et à la gauche », suggère le politologue José Antonio Passos Palmeira.
La balle sera dans le camp du président Anibal Cavaco Silva qui doit décider s’il confie la formation d’un gouvernement à un éventuel vainqueur sorti des urnes sans majorité absolue ou à des partis prêts à nouer des alliances parlementaires.
« Le Portugal a besoin d’un gouvernement solide, stable et durable », avait-il prévenu lors de la convocation des élections fin juillet, appelant les partis à surmonter leurs « luttes partisanes ».
AFP