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Élection présidentielle : les Français aux urnes, l’abstention estimée entre 19 et 22%


Certains électeurs semblaient encore indécis à la dernière minute. (photo AFP)

Les Français affluaient en nombre dimanche dans les bureaux de vote pour participer au premier tour de l’élection présidentielle, un scrutin placé sous haute surveillance et à l’issue très incertaine.

Trois jours après l’attentat qui a coûté la vie à un policier sur les Champs-Elysées, plus de 50.000 policiers et gendarmes, avec le concours de 7.000 militaires de l’opération Sentinelle, étaient mobilisés pour assurer la sécurité des 47 millions d’électeurs.

Le taux de participation atteignait 69,42% dimanche à 17 heures en métropole, pour le premier tour de l’élection présidentielle, selon le ministère de l’Intérieur, en légère baisse par rapport au premier tour de 2012 (70,59%) mais l’un des meilleurs depuis 40 ans.

Le taux d’abstention au premier tour de l’élection présidentielle devrait atteindre sur la journée entre 19 et 22%, selon des estimations de plusieurs instituts.

Mais les 66.546 bureaux de vote de métropole, ouverts depuis 8 h, le resteront jusqu’à 19 h, une heure de plus que lors des présidentielles précédentes, et 20 h dans les grandes villes.

Cet horaire plus tardif rend incertaine, en cas de résultats serrés, la traditionnelle image télévisée affichant à 20 heures les deux finalistes.

Parmi les départements « bons élèves » en termes de participation figurent le Gers, la Corrèze, le Cantal, le Puy-de-Dôme et la Saône-et-Loire. A l’inverse, Val-d’Oise, Val-de-Marne, Pas-de-Calais, Vaucluse, Seine-Saint-Denis et Hauts-de-Seine avaient le moins participé en début de journée.

Des électeurs perplexes

Les onze candidats ont voté dans la matinée, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon fermant la marche à Paris.

Le président François Hollande, qui n’a adoubé aucun candidat, a glissé son bulletin à Tulle, son ancien fief électoral, appelant les Français « à montrer que la démocratie est plus forte que tout ».

Certains électeurs semblaient encore indécis à la dernière minute. Ainsi Karim Mahmoud, un Lyonnais de 42 ans, admettait s’être décidé « hier soir : jusque-là c’était assez flou ». André Pouilly, un retraité de 67 ans de Calais, a juge « important de voter ». « Mais bon, on n’a pas beaucoup de bons choix, donc j’ai voté pour le moins mauvais ».

« J’ai eu des hésitations. Je me suis posé des questions, mais je suis revenue à mon candidat » même si aucun des onze « ne porte toutes mes valeurs », assurait à Lyon Catherine Burnier, une enseignante-chercheuse de 46 ans.

Dans le Journal du dimanche, des personnalités ont lancé un appel anti-abstention : l’ex-animateur Nicolas Hulot, la chanteuse Carla Bruni-Sarkozy, la patronne du FMI Christine Lagarde, l’écrivain Jean d’Ormesson et l’ancienne présidente du Medef Laurence Parisot.

Rendez-vous majeur de la vie politique, la présidentielle suscite habituellement une participation d’environ 80%. Exception notable: le 21 avril 2002, avec un record d’abstention (28,4%) et la qualification inédite pour le second tour du candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen.

Une élection atypique

Quinze ans plus tard, sa fille Marine Le Pen fait la course en tête dans les sondages avec Emmanuel Macron, suivis de deux poursuivants au coude-à-coude, le candidat de la droite François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.

Le socialiste Benoît Hamon est largement distancé dans toutes les enquêtes.

La fin de campagne a viré au duel Macron-Fillon. L’ancien ministre de l’Economie s’est lancé dans un audacieux pari avec la création du mouvement En Marche! et son credo « et de droite, et de gauche ». Il a été rallié par certains hiérarques socialistes, par d’anciens ministres chiraquiens et le centriste historique François Bayrou.

Vainqueur de la primaire de droite, François Fillon a été fragilisé par l’affaire de l’emploi soupçonné fictif de son épouse comme collaboratrice parlementaire, pour lequel il est mis en examen.

Quatrième homme en 2012, Jean-Luc Mélenchon a vu sa cote nettement progresser, principalement au détriment de Benoît Hamon. Le PS craint le pire score de son histoire après l’élimination de Lionel Jospin au même stade en 2002.

Cette dixième élection présidentielle au suffrage universel de la Ve République est hors normes à plus d’un titre : absence du président sortant, une première depuis la mort en fonction de Georges Pompidou en 1974; qualification au second tour de la candidate d’extrême droite donnée pour sûre dans toutes les enquêtes depuis 2013; menace terroriste avec un scrutin sous état d’urgence, depuis les attentats de novembre 2015.

La mort jeudi soir d’un policier sur les Champs-Elysées porte à 239 le nombre de victimes d’attentats en France depuis l’attaque contre Charlie Hebdo en janvier 2015.

Cet attentat, revendiqué par le groupe Etat islamique, a bouleversé la fin de campagne. Un hommage national au policier assassiné aura lieu mardi.

La loi interdit la publication de résultats, hormis ceux concernant la participation, avant dimanche soir.

Le second tour aura lieu le 7 mai.

Le Quotidien / AFP