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Édouard Philippe : un retour à la vie d’avant « probablement pas avant longtemps »


Le Premier ministre français, Édouard Philippe, a précisé les conditions du déconfinement prévu le 11 mai. (Photo AFP)

Lors d’un « point de situation », ce dimanche à 17 h 30, le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné du ministre  et du directeur général de la Santé, s’exprimait entre autres sur la sortie du confinement après le 11 mai, qui s’annonce extrêmement progressive  dans l’Hexagone.

Les Français ne retrouveront « pas tout de suite et probablement pas avant longtemps » leur « vie d’avant » la crise du coronavirus, a averti dimanche Édouard Philippe en présentant « les grandes règles » qui devraient conduire au déconfinement à partir du 11 mai. « Nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire », a encore prévenu le Premier ministre, tout en admettant que « nous marquons des points contre l’épidémie » et que « la situation s’améliore progressivement, lentement mais sûrement ». Par ailleurs, « cette crise sanitaire va entraîner une crise économique. Elle ne fait que commencer. Et elle sera brutale », a-t-il ajouté.

 

« Beaucoup de ceux qui nous regardent aimeraient que j’entre dans le détail de ce qui va se passer le 11 mai et dans les jours qui vont suivre : je ne vais pas répondre à toutes ces questions aujourd’hui. Je le ferai prochainement », a encore indiqué Édouard Philippe.

Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a lui fait état d »une lente décrue épidémique », avec 30 610 malades hospitalisés ce dimanche (+890 en 24 heures), 5 744 malades dans un état grave sont encore en réanimation (+137 admis en 24 heures), 36 578 personnes sont rentrées à la maison. Le confinement a « permis de limiter la circulation du virus » ce dont nous devons nous réjouir, indique le Premier ministre, après avoir précisé que plus de 800 000 infractions sur 13,5 millions de contrôles au confinement avaient été constatées en France. Grâce aux contrôles, le « respect du confinement a été globalement très satisfaisant », a estimé le Premier ministre, en constatant « une immense diminution du nombre de déplacements » partout en France, aussi bien « vers les commerces, vers les épiceries, vers les stations de transport » que « vers les bureaux ».

Sur les 19 718 morts en France depuis début mars, un total de 12 069 décès a été enregistré dans les hôpitaux (+227) et 7 648 (+168) dans les maisons de retraite médicalisées (Ehpad) et autres établissements médicosociaux, a précisé Jérôme Salomon. Le nombre de personnes hospitalisées pour une infection au Covid-19 a très légèrement diminué (-29 en 24 heures), à 30 610, continuant de reculer pour le 5e jour de suite, tandis que les cas graves en réanimation ont reflué pour le 11e jour consécutif, à 5 744 (-89 en 24 heures).

Masques, respirateurs et Ehpad

Le ministre a aussi évoqué la question des masques, qui fait débat en France : « Depuis le début de la crise, notre objectif a été de faire en sorte que les soignants et le personnel hospitalier puissent être munis des masques FFP2 dont ils ont besoin pour exercer leur mission », indique-t-il. « Nous avons réussi à importer beaucoup plus de masques que ce que nous consommons en ce moment », assure-t-il, appuyé par le ministre de la Santé, Olivier Véran,  qui annonce que « les stocks de masques se sont renforcés. Cette augmentation nous a permis ces derniers jours d’améliorer la distribution des masques auprès des personnels soignants. Je ne nie pas qu’il existe encore quelques tensions d’approvisionnement sur les masques FFP2 ». Enfin, d’ici la fin du mois de juin, la France devrait disposer de 15 000 respirateurs de réanimation, et de 15 000 respirateurs dits « de transport », annonce encore Olivier Véran.

Un droit de visite dans les Ehpad va avoir lieu, mais sera très encadré à partir de ce lundi pour les familles, précise encore le ministre de la Santé. « Ce sera à la demande du résident, sous condition (pas plus de deux visiteurs). » « Ce droit de visite, très encadré, pourra s’appliquer dans les mêmes conditions pour les établissements qui accueillent cette fois-ci des personnes en situation de handicap », a précisé le ministre.

L’objectif du gouvernement est de pouvoir réaliser à partir du déconfinement 500 000 tests par semaine pour les personnes présentant des symptômes et celles ayant été en contact avec un malade du Covid-19, a indiqué dimanche le ministre de la Santé. Après le 11 mai, « si vous êtes porteur de symptômes (…) et que vous voulez savoir si vous êtes malade, ou si vous avez été en contact rapproché d’une personne dont on sait qu’elle est malade, vous pouvez, vous devrez bénéficier de ce test virologique », a assuré Olivier Véran, lors d’une conférence de presse à Matignon. Ces tests sont un des piliers de la politique de déconfinement, permettant aux personnes contaminées d’être isolées et ainsi de limiter la propagation de l’épidémie.

Toutes les écoles ne seront pas ouvertes le 11 mai

Puis le Premier ministre est revenu sur les mesures économiques mises en place : plus de 9 millions de salariés bénéficient actuellement du chômage partiel pour 700 000 entreprises, avant de revenir sur le déconfinement. Les deux principes du déconfinement sont de « préserver la santé des Français » et « assurer la continuité de la vie de la nation », a-t-il exposé. Il sera possible à deux conditions : « rétablir la capacité d’accueil des hôpitaux et limiter au maximum la circulation du virus ».

« Il est probable, s’agissant des transports publics, qu’il soit obligatoire pour les utiliser de porter un masque grand public » après le 11 mai face à l’épidémie du coronavirus, a indiqué  le Premier ministre, Édouard Philippe. « Dès lors que nous allons procéder progressivement à des confinements, nos concitoyens vont se retrouver dans des configurations où la densité va être évidemment beaucoup plus grande (dans les transports publics), il faut donc que nous étudions les gestes barrières et la distanciation qui est susceptible d’être mise en œuvre », a-t-il poursuivi.

« Les écoles n’ouvriront pas partout le 11 mai », et ne fonctionneront pas le 11 mai dans les conditions où elles fonctionnaient avant : une réouverture « par territoire » ou « par moitié de classe » est à l’étude a encore déclaré Édouard Philippe qui avait annoncé auparavant que le télétravail devrait se prolonger « dans toute la mesure du possible ».

Des vacances d’été toujours à l’ombre du coronavirus

Le Premier ministre Édouard Philippe a préparé dimanche les Français à des vacances d’été toujours à l’ombre du coronavirus, en disant craindre que des voyages loin à l’étranger ne soient pas avisés dans l’immédiat. « Est-ce que l’on peut réserver une maison, une location, une place de camping ou un hôtel au mois de juillet ou au mois d’août en France ou à l’étranger? Je crains qu’il ne soit pas raisonnable d’imaginer voyager loin à l’étranger très vite », a-til déclaré. Le Premier ministre a souligné qu’il n’était « pas sûr que le transport aérien pourra reprendre dans de bonnes conditions rapidement », alors que le trafic aérien pour les passagers est quasi suspendu en France.

Il a aussi émis des doutes sur « les conditions d’entrée ou de ré-entrée sur le territoire national » qui seront certainement « assez exigeantes vis-à-vis de ceux qui arrivent de l’étranger », dans le contexte d’une pandémie. « Donc ça me semble à ce stade, peut-être encore un peu déraisonnable », a-t-il ajouté, promettant toutefois d’en dire plus « le moment venu ».

Le chef du gouvernement a émis les mêmes réserves vis-à-vis de l’organisation de mariages, qui connaît un pic entre le printemps et l’été. « Compte tenu de (…) la nécessité de continuer à faire prévaloir les règles de distanciation physique », « il ne me paraît pas complètement raisonnable d’imaginer qu’un mariage qui rassemblerait 200 personnes dans un lieu confiné soit immédiatement envisageable », a-t-il indiqué. « Pour combien de temps je ne sais pas encore, mais ça ne me semble pas opportun ou raisonnable d’imaginer que, à très court terme, cela soit possible », a souligné Édouard Philippe.

AFP/LQ