Une semaine avant le rendez-vous annuel des Etats-membres de l’OMS, un groupe d’experts mandatés par l’ONU a dénoncé les défaillances et les dysfonctionnements de l’organisation internationale dans sa gestion de l’épidémie d’Ebola, qui a fait plus de 11 000 morts.
« Nous ne comprenons toujours pas pourquoi les avertissements précoces » lancés entre mai et juin 2014 n’ont « pas reçu une réponse effective et adéquate », écrivent les experts dans leur rapport préliminaire, après plus de 2 mois d’enquête.
L’épidémie Ebola, une fièvre hémorragique très dangereuse, a commencé en décembre 2013 en Guinée et s’est rapidement propagée aux deux pays voisins, la Sierra Leone et le Liberia, à un rythme exponentiel, avec des centaines de cas par mois. L’OMS n’a cependant tiré la sonnette d’alarme qu’en août 2014, en déclenchant une « urgence sanitaire mondiale », bien après les alertes lancées par des ONG comme Médecins sans frontière.
En outre, l’OMS n’a pas « cherché le soutien d’autres agences de l’ONU » et des ONG spécialisées dans l’humanitaire. Si cela avait été fait à un « stade précoce », cela aurait pu faire « éviter la crise » qui a conduit à la nécessité de la création d’une autre structure, la Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola (UNMEER), indique le rapport.
Le rapport des experts, qui sera publié dans sa version définitive en juin prochain, ne se prononce pas sur la responsabilité de la directrice générale de l’OMS, le Dr Margaret Chan, dans la gestion de la crise.
Un fonds d’urgence à mettre en place
Interrogée à ce sujet lors d’une conférence de presse lundi à Genève, Mme Barbara Stocking, présidente du groupe d’experts, a répondu qu’il « faut être prudent, la responsabilité ne peut pas reposer sur une seule personne, on n’a pas compris tout de suite que cette fois-ci l’épidémie d’Ebola était différente des autres ».
Le rapport, qui n’est « pas destiné à finir au fonds d’une étagère », selon Mme Stocking, fait aussi des propositions concrètes. Il recommande notamment de renforcer la capacité opérationnelle de l’OMS.
Les Etats membres sont invités à mettre sur pied un fonds d’urgence ainsi qu’une force internationale d’intervention sanitaire qui pourrait être mobilisée immédiatement. L’OMS doit aussi mettre en place une équipe pluridisciplinaire qui serait déchargée de ses autres fonctions pour répondre à l’urgence. Une structure de commandement claire, unique au sein de l’agence doit être créée aussi rapidement que possible. Les experts recommandent que le Conseil exécutif de l’OMS prenne une décision à cet égard en janvier 2016.
AFP