Quelques semaines après le scandale de la contamination d’enfants par la bactérie E.coli via des pizzas, qui a fait deux morts, des perquisitions ont eu lieu mercredi dans une usine Buitoni du Nord et au siège de son propriétaire Nestlé dans les Hauts-de-Seine.
Les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) ont dans la matinée débarqué dans l’usine de Caudry, à une dizaine de kilomètres de Cambrai, une grande bâtisse de tôle blanche où sont fabriquées les pizzas mises en cause.
Au même moment, à 200 kilomètres de là, leurs collègues entamaient d’autres perquisitions au siège social de Nestlé à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).
Selon une source proche du dossier, une trentaine de personnels de l’Oclaesp ont répété la même opération dans quatre autres sites professionnels et à des domiciles en France.
Insuffisance rénale
Le parquet de Paris a ouvert une enquête le 22 mars pour « tromperie sur une marchandise, exposition ou vente de produits alimentaires corrompus ou falsifiés et nuisibles pour la santé, mise sur le marché d’un produit préjudiciable à la santé, mise en danger d’autrui, blessures involontaires et homicides involontaires ». Les investigations sont conduites par son pôle santé publique (PSP), après dessaisissement de plusieurs parquets, dont ceux de Nancy et Saint-Malo.
Depuis le 10 février, Santé publique France (SPF), la Direction de la répression des Fraudes (DGCCRF) et la Direction générale de la Santé enquêtent sur une recrudescence de cas d’insuffisance rénale chez des enfants, liés à une contamination par Escherichia coli.
Le 18 mars, Nestlé avait annoncé le retrait-rappel des pizzas de la gamme Fraîch’Up commercialisées depuis juin 2021, après avoir été informé de la présence de la bactérie dans la pâte d’un produit. Les autorités avaient demandé aux personnes qui détiendraient ces pizzas de ne pas les consommer et de les détruire. Le 30 mars, les autorités sanitaires annonçaient avoir établi un lien entre la consommation de ces pizzas produites à Caudry et plusieurs cas graves de contamination.
Chaîne de production souillée
Pierre-Alexandre Teulié, le directeur général de la communication de Nestlé France, indiquait le lendemain que le groupe avait effectué 75 prélèvements sur la ligne de fabrication concernée et dans toute l’usine, « tous négatifs ». Des photos d’une chaîne de production souillée, diffusées en mai 2021 sur un site internet et reprises récemment par RMC, semblent avoir été prises au sein de l’usine, avait-il reconnu. « Ce qu’elles montrent ne représente pas l’état normal, habituel ou acceptable de l’usine », avait ajouté Pierre-Alexandre Teulié.
Mais le 1er avril, un arrêté de la préfecture du Nord a interdit la production de pizzas dans cette usine à la suite « de deux inspections d’hygiène approfondies » les 22 et 29 mars, qui « ont mis en évidence un niveau dégradé de la maîtrise de l’hygiène alimentaire ». Ces anomalies « constituent une source importante de contamination (…) des denrées alimentaires manipulées dans l’établissement, qui dès lors présentent ou sont susceptibles de présenter un danger pour la santé des consommateurs », expliquait l’arrêté.
Deux décès
Buitoni a alors assuré « coopérer étroitement avec les autorités » pour déterminer la provenance de la bactérie E. Coli et travailler « sur un plan d’action et des mesures appropriées ».
Lors d’une inspection de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) des Hauts-de-France le 22 février consacrée au risque de légionellose, « trois faits susceptibles de suites » administratives avaient été signalés.
Un rapport publié sur le site Géorisques pointait une fréquence d’analyse mensuelle sur cette bactérie « pas respectée en 2021 » et un contrôle « pas optimum (…) durant les périodes de congés ».
Dans son dernier point le 6 avril, Santé Publique France (SPF) indiquait que 50 cas de contamination à la bactérie E.coli liés à ces pizzas avaient été confirmés. Parmi eux, deux enfants sont morts. Le nombre de cas d’infections « semble se stabiliser », soulignait alors SPF.
Vingt-trois pays, dont 15 en Afrique, ont reçu des pizzas surgelées Fraich’Up.