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Du Barça à la Sagrada Familia, la Catalogne en grève contre les violences policières


Les touristes trouvaient portes closes mardi, devant la Sagrada Familia. (photo AFP)

La Catalogne était en grève mardi, du FC Barcelone à la célèbre Sagrada Familia, pour défendre ses « droits » et dénoncer les violences policières de dimanche en marge du référendum interdit sur l’indépendance, alors que le fossé semble s’approfondir avec Madrid.

Sur l’autoroute qui mène vers la France, l’AP7, deux jeunes ont installé une table pliante et jouent aux échecs : le mouvement, sous le slogan « paralyser le pays », a démarré avec le blocage de 47 routes et autoroutes par des piquets de grève. La grève doit notamment toucher le port de Barcelone, les universités publiques, les transports, le Musée d’art contemporain (MACBA), l’Opéra ou la cathédrale de la Sagrada Familia. Le Barça suit aussi le mouvement : ni les équipes professionnelles ni celles des jeunes ne s’entraîneront mardi.

« Rejet de la violence »

La Catalogne, une région grande comme la Belgique où vivent 16% des Espagnols, fournit un cinquième de la richesse du pays. La semaine dernière, la Banque d’Espagne avait mis en garde contre les « risques » pour la croissance économique que représentent les « tensions politiques » dans cette région. Les trois chaînes de montage du constructeur de voitures Seat en Catalogne tournent normalement, a indiqué une porte-parole de la société, Cristina Vall-Losada. Les représentants des syndicats sont convenus de laisser les employés décider « selon leur conscience » s’ils voulaient se joindre à la grève, a-t-elle expliqué.

L’un des plus emblématiques immeubles de Barcelone, la Casa Batllo à la façade en écailles de poisson de Gaudi, affichait ce message : fermé « pour manifester le rejet de la violence exercée dimanche sur la Catalogne, sa culture et son identité ». Dans la grande gare Sants, les magasins restaient ouverts à l’exception de la boutique du FC Barcelone. L’appel à la grève avait été dans un premier temps lancé par des syndicats minoritaires.

Mais après les violences ayant amené dimanche plus de 800 personnes et une quarantaine de policiers « à solliciter une assistance médicale », les syndicats majoritaires dans la région, les associations et les partis indépendantistes ont rallié l’appel à une grève « politique ». « Je suis convaincu que la grève sera très suivie », a déclaré le président indépendantiste de la région Carles Puigdemont, qui cherche aussi par ce biais à montrer que toute la société le soutient dans son bras de fer pour obtenir de Madrid, au minimum, un référendum d’autodétermination.

« Manipulation des masses »

Les dirigeants catalans ont annoncé qu’ils prévoyaient de déclarer unilatéralement l’indépendance une fois confirmée la victoire du « oui », à 90% selon des résultats non définitifs. Ce scrutin auquel ont participé de très nombreux Catalans a ouvert la crise politique la plus profonde connue par l’Espagne depuis le rétablissement de la démocratie dans le pays en 1977. L’agitation sociale monte depuis des semaines en Catalogne. Les indépendantistes ont promis « une mobilisation permanente » de la société contre ce qu’ils qualifient de « manque de respect » permanent de Madrid.

Des dizaines de policiers et de gardes civils envoyés en renfort pour le référendum sont contraints depuis lundi de quitter les hôtels où ils sont logés, sous la pression de la population et des maires, selon leurs syndicats.

Le gouvernement conservateur crie pour sa part « à la manipulation » des masses. La grève est aussi un message adressé à la communauté internationale, pour lui demander d’aider la région « à garantir les droits » des citoyens de Catalogne. Carles Puigdemont a demandé une médiation internationale pour tenter de régler son conflit avec Madrid. L’Union européenne n’a pas relevé le gant mais a pressé lundi le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy de dialoguer. L’ONU a souhaité une enquête sur les violences tandis que le Parlement européen a annoncé qu’il débattra en urgence mercredi de la situation en Catalogne.

Le Quotidien/AFP