La loi hongroise interdisant la « promotion » de l’homosexualité auprès des mineurs est une « honte » et un texte qui va à l’encontre « des valeurs fondamentales de l’UE », a dénoncé mercredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Bruxelles enverra une lettre à Budapest pour exprimer ses « préoccupations » sur le plan légal avant l’entrée en vigueur d’une loi qui « discrimine les personnes sur la base de leur orientation sexuelle », a précisé devant la presse la cheffe de l’exécutif européen. Une déclaration soutenue à l’heure actuelle par 15 États membres a appelé la Commission à agir après l’adoption de ce texte le 15 juin à Budapest.
La loi, à l’initiative du parti souverainiste du Premier ministre Viktor Orban, prévoit que « la pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l’identité de genre, le changement de sexe et l’homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans ».
« Ce texte va à l’encontre de toutes les valeurs fondamentales de l’UE : la dignité humaine, l’égalité et les droits de l’Homme fondamentaux. Nous ne transigerons pas sur ces principes », a averti Ursula von der Leyen. « Je crois fermement à une Union européenne où vous pouvez être vous-même et libre d’aimer qui vous voulez (…) J’emploierai tous les pouvoirs de la Commission pour garantir les droits de tous les citoyens de l’UE, où qu’ils vivent », a-t-elle promis.
Des poursuites possibles devant la CJUE
Les 15 États membres se disent « profondément inquiets » par des dispositions « discriminatoires à l’égard des personnes LGBTQI et violant le droit à la liberté d’expression sous prétexte de protéger les enfants », dans cette déclaration lancée mardi. Initiée par la Belgique, elle a déjà été signé par les Pays-Bas, le Luxembourg, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Autriche, l’Italie, l’Espagne, le Danemark, la Finlande, la Suède, ainsi que les trois pays baltes. Le Portugal a également apporté son soutien à cette démarche, tout en disant ne pas pouvoir formellement l’endosser en raison du devoir de neutralité que lui impose sa présidence tournante de l’UE.
« Nous sommes en train d’examiner la loi et de voir si et comment elle enfreint le droit européen », avait déclaré mardi la vice-présidente de la Commission Vera Jourova. La Commission a le pouvoir de déclencher des procédures d’infraction pour violation du droit de l’UE contre un pays, pouvant mener à une saisine de la Cour de justice européenne.
LQ/AFP