La militante saoudienne des droits humains Loujain al-Hathloul a été condamnée lundi à cinq ans et huit mois de prison pour des crimes liés au terrorisme, ont rapporté des médias saoudiens autorisés à assister au procès.
Elle a été reconnue coupable de « diverses activités prohibées par la loi antiterroriste », a précisé le média en ligne pro-pouvoir Sabq, dont un représentant a assisté à l’audience.
La militante est en détention provisoire depuis plus de deux ans, une période prise en compte dans la peine prononcée, ont souligné des médias saoudiens citant le jugement du tribunal, sans autres explications. Loujain al-Hathloul a été arrêtée avec d’autres militantes en mai 2018, peu avant la levée de l’interdiction de conduire faite aux Saoudiennes, une réforme pour laquelle ces femmes militaient.
Selon le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhan Al-Saoud, Loujain al-Hathloul, âgée de 31 ans, est accusée d’avoir été en contact avec des États « hostiles » au royaume et d’avoir transmis des informations confidentielles. Mais le gouvernement saoudien n’a apporté aucune preuve tangible à l’appui de ces accusations, selon les proches de la militante.
La famille de Loujain al-Hathloul avait annoncé le 25 novembre que son cas avait été transféré par un juge de la cour pénale de Ryad à une cour chargée des affaires de terrorisme. Cette cour pénale spécialisée a été créée en 2008 pour juger les affaires de terrorisme, mais elle a largement servi depuis à juger des prisonniers politiques, selon des organisations de défense des droits humains.
La militante avait entamé une grève de la faim en prison le 26 octobre avant de l’interrompre deux semaines plus tard, selon sa famille et Amnesty International.
Actions pacifiques
Militante « acharnée » de la cause des femmes saoudiennes, Loujain al-Hathloul n’a mené que des actions pacifiques dans le royaume ultraconservateur. Elle a longtemps milité pour le droit des Saoudiennes à conduire et pour la fin de la tutelle qui met la femme à la merci totale de l’homme.
Diplômée de l’Université canadienne de Colombie britannique, elle a été arrêtée, peu avant la levée de l’interdiction de conduire faite aux Saoudiennes pour « tentative de déstabilisation du royaume ». Les médias pro-gouvernementaux ont qualifié ces militantes de « traîtres », pour avoir entretenu des contacts avec diplomates et ONG étrangères.
La famille de Loujain al-Hathloul affirme que celle-ci a été victime, en détention, de harcèlement sexuel et de torture. La militante a raconté, selon sa famille, que l’ancien conseiller royal, Saud al-Qahtani, avait menacé de la violer et de la tuer, ce qui nient vigoureusement les autorités.
Ce n’est pas la première fois que cette Saoudienne, familière des réseaux sociaux et originaire d’Al-Qassim, région conservatrice du centre de l’Arabie saoudite, se retrouve derrière les barreaux. Elle avait été arrêtée fin 2014 et placée en détention pour avoir tenté d’entrer en Arabie saoudite au volant d’une voiture en provenance des Émirats arabes unis. Elle en était sortie 73 jours plus tard, à la suite d’une campagne internationale.
LQ/AFP