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Droits des immigrés au Royaume-Uni : l’amendement qui pourrait retarder le Brexit


L'amendement, déposé par l'opposition travailliste, est destiné à protéger les droits des trois millions d'immigrés européens dont la présence au Royaume-Uni est remise en cause par le Brexit. (photo AFP)

Le gouvernement de Theresa May pourrait essuyer un camouflet mercredi devant la chambre des Lords, qui s’apprête à voter un amendement destiné à protéger les droits des trois millions d’immigrés européens dont la présence au Royaume-Uni est remise en cause par le Brexit.

Le vote prévu dans l’après-midi de cet amendement, déposé par l’opposition travailliste, pourrait in fine retarder l’adoption du projet de loi autorisant l’activation de l’article 50 du Traité de Lisbonne, qui lancera la procédure de divorce d’avec l’Union européenne, ce que Theresa May entend faire d’ici à la fin mars.

Idéalement, le gouvernement conservateur souhaiterait que les Lords approuvent le texte sans l’amender, évitant ainsi un nouvel examen par les députés, qui l’avaient adopté en première lecture le 9 février par 494 voix contre 122. Mais contrairement aux Communes, les conservateurs ne sont pas majoritaires à la chambre des Lords, avec seulement 252 sièges sur 805. Dans une tentative de dernière minute de faire pencher la balance, la ministre de l’Intérieur Amber Rudd a écrit une lettre aux Lords pour les convaincre de rejeter l’amendement, trahissant la nervosité de l’exécutif à l’approche du vote. Amber Rudd assure dans cette missive que le gouvernement fera de la protection des droits des immigrés européens au Royaume-Uni une « priorité » des négociations à venir avec Bruxelles.

« Monnaie d’échange »

Mais la ministre prévient également que garantir leurs droits avant même d’avoir obtenu des assurances similaires pour les Britanniques vivant dans l’UE « n’aidera pas à régler » le problème. Las pour le gouvernement conservateur, les travaillistes ont immédiatement adressé à Amber Rudd une fin de non recevoir, en l’accusant d’utiliser les immigrés comme « monnaie d’échange ».

Le parti libéral démocrate (centre) a également rejeté la proposition. « C’est le rôle des Lords et les menaces vides ne nous empêcheront pas d’améliorer (le texte) », a déclaré Richard Newby, leur leader à la chambre. Ces derniers, nommés à vie par la Reine, se savent en effet épiés. Des sources proches du gouvernement ont récemment rappelé que l’opinion publique s’interrogeait sur la légitimité de cette assemblée non élue.

Chahuté sur les bancs de la chambre des Lords, le gouvernement a également essuyé les critiques de l’ancien Premier ministre conservateur John Major. « J’observe avec une inquiétude croissante qu’on laisse miroiter aux Britanniques un avenir en dehors de l’UE qui semble irréaliste et beaucoup trop optimiste. Il y a un vrai risque que l’accord final soit très en dessous des espoirs et des attentes », a-t-il déclaré lundi lors d’un discours au cercle de réflexion Chatham House.

Le Quotidien/AFP