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Double offensive à Palmyre et Mossoul, l’EI sous pression


Des troupes syriennes déployées dans la ville syrienne de Palmyre le 24 mars 2016. (Photo : AFP)

Le groupe Etat islamique (EI) était la cible vendredi d’une double offensive contre ses fiefs syrien de Palmyre et irakien de Mossoul, trois jours après les attentats meurtriers à Bruxelles que l’organisation jihadiste a revendiqués.

Pour tenter de mettre fin au conflit syrien qui a favorisé la montée en puissance de cette organisation capable de frapper l’Europe, Moscou et Washington se sont engagés à peser pour accélérer la mise en place d’une solution politique après un mois de cessez-le-feu.

A Genève, où un premier round de discussions indirectes entre régime et opposition syriens a pris fin, l’envoyé spécial de l’ONU Staffan de Mistura a annoncé qu’elles reprendraient autour du 9-10 avril. Appuyée au sol par le Hezbollah libanais et les forces spéciales russes, l’armée syrienne, également soutenue par l’aviation russe, entrée à Palmyre (est) pour en chasser l’EI, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et une source militaire syrienne. Jeudi soir, l’artillerie syrienne bombardait les positions jihadistes, mais les soldats n’avançaient plus dans la cité en raison du danger des tireurs embusqués la nuit.

Moscou a fait état de 146 frappes en trois jours contre des «cibles terroristes» dans cette région contrôlée par le groupe jihadiste depuis mai 2015. Les forces prorégime, qui ont lancé l’offensive le 7 mars, sont entrées dans Palmyre du côté sud-ouest, mais avancent «lentement en raison des mines» posées par les jihadistes, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. Elles sont également entrées du côté nord-ouest de la ville après avoir pris le contrôle d’une partie de la Vallée des tombeaux, a dit la source militaire.

Un officier russe tué

Un commando des forces spéciales russes dirige sur place les opérations et «intervient directement quand c’est nécessaire», selon une autre source sur le terrain. Selon les agences russes, «un officier des forces spéciales russes a été tué dans la région de Palmyre alors qu’il pointait des cibles des terroristes de l’EI pour les frappes des avions russes». La date de sa mort n’a pas été précisée. Selon l’OSDH, 40 jihadistes et huit combattants prorégimes ont péri ces dernières 24 heures dans les combats à Palmyre, une cité vieille de plus de 2 000 ans classée au patrimoine mondial de l’Humanité, où l’EI a détruit de nombreux trésors archéologiques.

La directrice générale de l’Unesco Irina Bokova a affirmé que l’organisation était disposée «dès que les conditions de sécurité le permettront, à se rendre, aux côtés des responsables des antiquités syriennes, pour une mission d’évaluation des dommages et de protection du patrimoine inestimable de Palmyre». Une reconquête de cette ville permettrait au régime de progresser plus à l’est dans le désert syrien vers la frontière avec l’Irak, contrôlée par les jihadistes. De l’autre côté de la frontière, l’armée irakienne, soutenue par des milices et l’aviation de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, a lancé une offensive pour reprendre Mossoul, deuxième ville du pays (nord).

La reprise de Mossoul, qui s’annonce difficile, est considérée comme l’objectif le plus important de la reconquête des territoires perdus durant l’offensive menée par l’EI en 2014 en Irak. Selon le commandement conjoint des opérations, plusieurs localités situées à une soixantaine de km de Mossoul ont été «libérées» durant l’opération. Mossoul, comme Palmyre, et surtout la ville syrienne de Raqa (nord), font partie du «califat» autoproclamé par le chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi en juin 2014.

Transition et Constitution « d’ici août »

Au terme de plus de quatre heures d’entretiens au Kremlin entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le président russe Vladimir Poutine, secondé par son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, Russes et Américains se sont engagés à tirer profit de la cessation des hostilités en cours afin d’avancer dans le règlement politique du conflit syrien. «Nous sommes d’accord sur le fait qu’il faut un calendrier afin d’établir un cadre pour une transition politique et aussi un projet de Constitution, les deux d’ici août», a déclaré M. Kerry à l’issue de la réunion.

M. Lavrov a lui souligné l’importance de «négociations directes entre la délégation gouvernementale et tout le spectre de l’opposition» syrienne. La question centrale du sort du président Bachar al-Assad n’est cependant pas réglée. A Genève le régime et l’opposition ont achevé jeudi une session de discussions par l’intermédiaire de l’ONU, axée sur une «transition» politique, qui aura surtout servi à briser la glace.Selon l’ONU, M. de Mistura a remis un document recensant «12 points de convergence» entre les deux camps dont la souveraineté de la Syrie, le refus de l’intervention étrangère ou le rejet du confessionnalisme.

Le conflit syrien, déclenché en mars 2011, a fait plus de 270 000 morts et provoqué une grave crise migratoire avec l’exode de millions de Syriens.

Le Quotidien/AFP