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Dorian a semé la mort et la destruction aux Bahamas


Les îles Abacos et Grand Bahama, sur lesquelles Dorian s'est acharné avant de reprendre sa route destructrice, étaient encore largement coupées du monde. (photos AFP)

L’ouragan Dorian, rétrogradé en catégorie 2, se dirigeait très lentement vers les États-Unis mardi soir après avoir dévasté l’archipel des Bahamas et provoqué la mort de sept personnes, un bilan qui devrait encore s’alourdir a averti son Premier ministre.

En plus des cinq victimes initiales, deux personnes transportées à l’hôpital ont succombé à leurs blessures, a annoncé Hubert Minnis lors d’une conférence de presse. « Nous pouvons nous attendre à plus de morts, ce sont des informations préliminaires », a-t-il précisé. Les îles Abacos et Grand Bahama, sur lesquelles Dorian s’est acharné avant de reprendre sa route destructrice, étaient encore largement coupées du monde mardi. Des palmiers déplumés, des maisons éventrées et des carcasses de voitures semblant flotter, à perte de vue, dans une mer de ruines : le triste spectacle contrastait terriblement avec l’habituelle carte postale paradisiaque des Bahamas.

« Il pleut toujours, avec de grosses bourrasques », a confié Yasmin Rigby, une habitante de l’île de Grand Bahama, au-dessus de laquelle Dorian a longtemps stationné, faisant dangereusement monter le niveau des eaux. « Je ne peux pas bouger de mon appartement », a-t-elle ajouté. « J’aurais besoin d’un gros camion car la plupart de l’île est inondée. Nous avons suffisamment de vivres heureusement ». « La zone autour de notre aéroport ressemble à un lac », a expliqué pour sa part le Premier ministre Hubert Minnis.

Au moins 61 000 personnes auraient besoin d’aide alimentaire aux Bahamas, a estimé mardi l’ONU. La Croix-Rouge avait indiqué la veille que quelque 13 000 maisons pourraient avoir été endommagées ou détruites dans les îles Abacos et Grand Bahama. « Ce sont des jours et des mois difficiles qui attendent notre peuple et notre pays », a déclaré le Premier ministre de l’archipel.

Toujours très dangereux

Classé dans la catégorie maximale 5 au moment de frapper les Bahamas, Dorian a faibli depuis. Il a été rétrogradé en catégorie 2, avec des vents atteignant 175 km/h, selon le dernier bulletin du Centre national des ouragans (NHC) américain, à minuit mercredi. L’ouragan se trouvait alors à 180 km à l’est de cap Canaveral en Floride. Il remontait vers le Nord, en parallèle de la côte de la Floride, à la vitesse de 9 km/h. Le long des plages de cet État, des vents d’une force d’une vitesse tropicale, allant jusqu’à 96 km/h, pouvaient se faire ressentir. Malgré des vents moins violents, Dorian a gagné en taille et reste très dangereux, ont prévenu les météorologues, qui peinent à en prévoir la trajectoire exacte.

Au moins 61 000 sinistrés ont besoin d'une aide humanitaire.

Au moins 61 000 sinistrés ont besoin d’une aide humanitaire.

Une certitude : il doit se rapprocher « dangereusement près » de la Floride d’ici mercredi soir, avant de longer la côte sud-est américaine et les États de Géorgie, de Caroline du Sud et de Caroline du Nord. Les deux États de Caroline présentent le plus haut risque d’inondations, a précisé le NHC, avec de 13 à 25 centimètres de pluie et des vagues de 1,2 à plus de 2 mètres de haut attendues par endroit. L’œil de Dorian doit passer « près ou au-dessus » de leurs côtes entre jeudi et vendredi matin. Donald Trump a annoncé mardi soir avoir décrété l’état d’urgence en Caroline du Nord, pour débloquer des fonds de manière préventive, « en espérant ne pas en avoir besoin ». « Les États-Unis ont peut-être eu un peu de chance avec l’ouragan Dorian, mais ne baissez pas votre garde », a prévenu le président américain sur Twitter, ajoutant que les États-Unis « envoyaient des équipes pour aider » les Bahamas.

La solidarité s’organise

Plusieurs millions de personnes ont reçu l’ordre d’évacuer les régions menacées. Même si l’œil de Dorian pourrait ne pas toucher terre, les autorités mettent la population en garde sur les risques de crues soudaines et d’inondations. « De nombreuses menaces ne dépendent pas de la catégorie de l’ouragan », a souligné le directeur du NHC, Ken Graham. « Vous pouvez vous trouver assez loin du centre de l’ouragan et tout de même être touché par de fortes précipitations ».

En attendant Dorian, les habitants de Floride, habitués des ouragans, se montraient solidaires avec les Bahamas voisines. Les appels aux dons se sont multipliés et plusieurs églises organisaient des collectes dans le quartier de Coconut Grove, berceau de la communauté bahaméenne à Miami. « Notre église a été fondée par des Bahaméens et beaucoup de leurs descendants en sont membres », témoignait Nathaniel Robinson, pasteur de l’église Greater St Paul, où boîtes de conserves, bouteilles d’eau, médicaments s’amassaient sur les tables. « Nous sommes entrés en contact avec des gens là-bas », poursuit-il. « Certains ont tout perdu, leur maison, leur moyen de transport, leur commerce… Ils n’ont absolument plus rien ».

LQ/AFP