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Donald Trump en quête d’une stratégie pour l’Afghanistan


Donald Trump débarque de Air Force One à son arrivée à l'aéroport de Morristown le 18 août 2017. (Photo : AFP)

Donald Trump tentait vendredi de trouver une stratégie pour l’Afghanistan et de trancher entre les partisans d’un effort militaire accru dans la plus longue guerre des États-Unis et ceux qui suggèrent de passer le bourbier afghan par pertes et profits.

Le président américain est arrivé en milieu de journée à Camp David, résidence présidentielle chargée d’histoire située à une centaine de kilomètres au nord de Washington, où il a retrouvé son équipe de sécurité nationale. En fin d’après-midi, la Maison Blanche a fait savoir par sa porte-parole Sarah Sanders qu’aucune décision n’avait encore été prise. «Le président étudie et prend en considération ses options, il fera une annonce au peuple américain, à ses alliés, ses partenaires et au monde au moment opportun», a-t-elle déclaré dans un communiqué.

En évoquant l’Afghanistan, Donald Trump espère sans doute aussi changer de sujet après une semaine désastreuse. Ses déclarations sur le drame de Charlottesville – où une jeune femme a été tuée par un sympathisant néo-nazi – ont été perçues par beaucoup comme une critique très molle des groupuscules suprémacistes blancs et ont provoqué une vague d’indignation jusque dans son propre camp.

A Camp David, Donald Trump a eu un déjeuner de travail suivi d’une réunion avant qu’il ne retourne dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe des vacances. Au total, quatre heures de travail entouré entre autres du vice-président Mike Pence, du secrétaire d’Etat Rex Tillerson, du chef du Pentagone Jim Mattis, et de H.R McMaster, qui dirige le Conseil de sécurité nationale. Ces deux derniers sont respectivement général des Marines à la retraite et général d’active de l’armée de terre.

Le nouveau secrétaire général de la Maison Blanche John Kelly, général à la retraite des Marines, sera un autre acteur central des débats. Il a perdu un fils de 29 ans en Afghanistan, dans la province de Helmand (sud), en 2010.

«Nous ne gagnons pas»

Donald Trump est frustré et l’a clairement fait savoir à ses conseillers militaires début août. «Nous ne gagnons pas», «nous sommes en train de perdre» s’était plaint le président, selon NBC News. Il avait alors réclamé la tête du commandant des 8.400 soldats américains et 5.000 de l’Otan, le général John Nicholson, qui a reçu un soutien appuyé et très public de Jim Mattis cette semaine.

Seize ans après l’invasion américaine pour punir les talibans d’avoir soutenus les commanditaires du 11-Septembre, malgré des centaines de milliards de dollars dépensés et 2.400 militaires américains tués, les rebelles ont l’initiative sur le terrain. L’armée afghane a subi des pertes insoutenables, le pouvoir central est faible et corrompu et même le groupe Etat islamique semble en passe de prendre pied dans le pays. Il n’y a pas de solutions simples pour le «cimetière des empires».

En créant un vide militaire en Afghanistan pour envahir l’Irak en 2003, George W. Bush a permis aux rebelles talibans de se ressaisir. Barack Obama, qui avait promis de mettre fin à la guerre, a dû massivement augmenter les troupes pour éviter que les talibans ne reprennent le pays, avant de pouvoir les ramener au rôle de quelques milliers de conseillers. Peu de détails sur les scénarios étudiés sont disponibles, mais les recettes sont toujours plus ou moins les mêmes.

Pour permettre de reprendre l’initiative sur le terrain, les militaires américains – Jim Mattis en tête – préconisent d’envoyer quelques milliers de renforts américains (le chiffre de 4 000 circule) en guise de béquille à des forces de sécurité afghanes débordées.

Privatiser la guerre ?

Les talibans ont décidé de participer au débat, rappelant le peu de succès jusque-là. «Il serait donc sage pour vous d’adopter une stratégie de retrait complet d’Afghanistan plutôt que d’accroissement des troupes», écrivent les rebelles dans une lettre, rédigée en anglais et communiquée aux médias mardi. Une opinion qui est partagée par certains membres de l’entourage de Donald Trump. L’aile nationaliste, dont Steve Bannon, conseiller stratégique remercié vendredi, était la figure de proue, a toujours été réticente envers un engagement militaire américain accru.

Selon le New York Times, M. Bannon, et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, ont avancé l’idée de confier les tâches de sécurité en Afghanistan à des entrepreneurs privés. Et depuis quelques semaines, Erik Prince, fondateur de Blackwater, une société de mercenaires qui a laissé de sinistres souvenirs en Irak, propose exactement cela: remplacer les troupes américaines – à l’exception de forces spéciales – par 5 500 mercenaires chargés d’entraîner les soldats afghans et de se battre à leurs côtés. Les militaires américains sont – sans surprise – vent debout contre cette idée.

Le Quotidien/AFP