L’homme d’affaires Donald Trump a franchi un cap historique jeudi en atteignant la majorité de délégués requise pour l’investiture républicaine à la présidentielle américaine de novembre, un exploit politique qui couronne près d’un an d’une campagne iconoclaste.
Donald Trump a revendiqué avoir «passé la barre» lors d’une conférence de presse à Bismarck, dans le Dakota du Nord (nord), après que plusieurs médias américains ont estimé qu’il avait obtenu au moins 1 237 délégués, grâce à l’appui de plusieurs délégués qui n’étaient jusqu’à présent pas dans son camp.
Ainsi rapproché de la Maison Blanche, le républicain a répondu à Barack Obama qui, en marge d’un sommet du G7 au Japon, a estimé que «nombre des propositions qu’il a formulées démontrent soit une ignorance des affaires du monde, soit une attitude cavalière». Le président américain a aussi rapporté que nombre de dirigeants de la planète se disaient «surpris» par le succès de Donald Trump.
«Il ne connaît rien aux affaires. C’est bien de surprendre les gens», a répondu à distance Donald Trump, «car de nombreux pays de notre belle planète abusent complètement de nous». Grâce à sa stratégie de la terre brûlée, défiant tous les codes, le quasi-néophyte de la politique a surmonté la concurrence de 16 autres candidats aux primaires, dont une nouvelle génération de républicains richement financés comme Ted Cruz et Marco Rubio, qui ont mordu la poussière face au milliardaire de 69 ans.
Sans concurrence depuis trois semaines, Donald Trump était de facto devenu le candidat officieux du parti, mais il n’avait pas encore atteint techniquement le nombre de délégués lui garantissant la victoire. Plusieurs médias américains ont publié jeudi un nouveau décompte du nombre de délégués obtenus au fil des primaires, ou s’étant engagés à voter pour lui à la convention d’investiture de Cleveland (Ohio, nord), du 18 au 21 juillet.
Il a désormais dépassé la barre des 1 237 délégués, une majorité qu’il était de toute façon assuré d’atteindre le 7 juin, lors de la dernière journée de primaires républicaines dans plusieurs États dont la Californie.
Clinton sur la défensive
Les derniers rivaux de Donald Trump ont jeté l’éponge à l’issue de la primaire de l’Indiana (nord), après laquelle Donald Trump a été adoubé par un nombre croissant de responsables du parti, à l’exception notable du président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, qui conditionne son soutien à des concessions idéologiques. Chez les démocrates, Hillary Clinton ne devrait parvenir à l’investiture que le 7 juin, lors des scrutins démocrates en Californie et dans cinq autres Etats. Mais le sénateur Bernie Sanders continue activement sa campagne.
Donald Trump oriente désormais sa puissance de feu contre sa probable adversaire démocrate, qu’il qualifie inlassablement de «malhonnête».
La publication mercredi d’un rapport très critique de l’inspecteur général du département d’Etat sur le recours par Hillary Clinton à un serveur privé de messagerie pour communiquer lorsqu’elle était à la tête de la diplomatie américaine (2009-2013), a apporté de l’eau au moulin de Donald Trump, des républicains et de la majorité d’Américains qui considèrent que la démocrate n’est pas digne de confiance.
Une défaite le 7 juin face à Bernie Sanders ne remettrait pas en cause l’investiture probable de Hillary Clinton, mais s’avèrerait coûteuse pour l’image de rassembleuse qu’elle tente de construire. «Maintenant, les choses deviennent sérieuses. Cet homme, qui est un danger public incompétent, a le travail le plus important du monde à portée de main», a lancé Hillary Clinton sur MSNBC, tâchant de tourner la page des primaires.
Dans une sorte de tour d’honneur, Donald Trump a encore rassemblé plusieurs milliers de personnes dans le Dakota du Nord puis dans un meeting à Billings, dans le Montana –un Etat fidèlement conservateur où il a annoncé qu’il ne reviendrait sans doute pas d’ici à la présidentielle. «Je veux me concentrer sur une quinzaine d’Etat», a-t-il annoncé. «Je veux concentrer mon énergie sur les États qui peuvent pencher d’un côté ou de l’autre» à la présidentielle de novembre. Parmi les cibles électorales du candidat: Floride, New York, Michigan, Ohio… et la Californie, qui n’a pas voté pour un républicain depuis 1988.
Le Quotidien/AFP