Dix écoliers ont été tués dans une zone rebelle du Yémen par des frappes de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, qui est régulièrement accusée de commettre des « bavures » contre des civils dans le pays en guerre.
Le Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef) a exhorté dimanche les belligérants à épargner les civils au Yémen, où les violences ont repris de plus belle en début de semaine après l’échec des négociations de paix entre pouvoir et rebelles.
« Nous avons vu 10 enfants morts et 28 blessés, tous âgés de moins de quinze ans et victimes de frappes aériennes sur une école coranique à Haydan » (nord), a indiqué une porte-parole de l’ONG humanitaire Médecins sans frontières (MSF), Malak Shaher, en précisant que le bombardement avait eu lieu samedi. Les victimes sont âgées de six à 14 ans, a précisé l’Unicef.
Des images et des vidéos montrant des enfants morts enveloppés dans des couvertures ont été diffusées sur Facebook par un porte-parole des rebelles chiites Houthis, Mohammed Abdelsalam, qui a dénoncé « un crime haineux ». L’agence de presse officielle saoudienne SPA a rapporté que les avions de la coalition avaient frappé « un centre d’entraînement des rebelles » Houthis dans le nord du pays.
Davantage d’enfants tués
Originaires du nord du Yémen, les Houthis se sont soulevés contre le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi en 2014. Alliés à l’ex-chef de l’Etat Ali Abdallah Saleh, poussé au départ en 2012 après une révolte populaire, ils ont conquis de vastes portions de territoire, dont la capitale Sanaa. En mars 2015, l’Arabie saoudite sunnite voisine, qui accuse les Houthis de liens avec le rival iranien chiite, a pris la tête d’une coalition militaire arabe pour freiner la progression des rebelles en menant notamment des bombardements aériens.
Depuis, cette guerre a fait plus de 6 400 morts et 30 000 blessés, dont de nombreux civils, et plongé ce pays très pauvre dans une grave crise humanitaire. Plus de la moitié de la population a un « besoin urgent de nourriture », selon des agences onusiennes. Des pourparlers de paix organisés au Koweït ont été suspendus par l’ONU le 6 août après trois mois et demi de discussions infructueuses. Les violences ont quelques jours plus tard.
Mardi, la coalition arabe a mené pour la première fois en trois mois des raids aériens intensifs sur la capitale Sanaa qui ont entraîné la fermeture de l’aéroport. Rebelles et habitants ont affirmé qu’une fabrique alimentaire de chips avait été touchée, faisant 14 morts. « En raison de l’intensification des violences au Yémen, le nombre d’enfants tués ou blessés dans des bombardements aériens ou par l’explosion de mines a augmenté de manière significative », a déploré l’Unicef.
Violations de la coalition
L’Unicef a appelé toutes les parties « à respecter le droit international en ne visant que les combattants ». L’ONU a accusé à plusieurs reprises les parties en conflit de commettre des exactions contre les civils. Le 5 août, un rapport destiné au Conseil de sécurité déplorait ainsi des « violations du droit humanitaire » commises par la coalition militaire arabe et le gouvernement, ainsi que par les Houthis et leurs alliés.
En juin, la coalition arabe avait été inscrite par l’ONU sur une liste noire des gouvernements et entités ne respectant pas les droits des enfants à la suite d’un rapport concluant qu’elle était responsable de la mort de 60% des 785 enfants tués au Yémen l’an dernier. Très irritée, Ryad, qui dément ces accusations, avait forcé le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à revenir sur cette décision en menaçant, selon des diplomates, de réduire les financements saoudiens aux agences de l’ONU.
Le royaume a finalement informé M. Ban qu’il acceptait de partager avec l’ONU les conclusions de ses enquêtes sur d’éventuelles victimes civiles dans les frappes.
La coalition a admis le 4 août être responsable de « manquements » au droit humanitaire dans deux bombardements en 2015: l’un contre un complexe résidentiel dans la ville portuaire de Mokha (65 civils tués selon Human Rights Watch) et l’autre contre un hôpital géré par MSF dans le nord. La coalition accusait des Houthis de s’y cacher.
Le Quotidien/afp