Le tribunal de Berlin a exigé mardi que la municipalité interdise la plupart des véhicules diesel sur plusieurs axes de la capitale allemande, un nouveau coup portée à cette technologie, tombée en disgrâce en Europe.
Les véhicules diesel de normes Euro 0 à 5, soit ceux âgés de plus de trois ou quatre ans, ne pourront plus emprunter 15 kilomètres de rues de Berlin – dont la célèbre Friedrichstrasse – à compter du 1er avril, a indiqué le tribunal administratif de Berlin dans un communiqué. Vingt axes sont concernés.
C’est l’association de protection de l’environnement Deutsche Umwelthilfe (DUH) qui à l’origine de la saisine de la justice contre la ville de Berlin. Elle réclame l’interdiction des diesels répondant aux normes Euro 1 à 4 d’ici la fin de l’année et de ceux aux normes Euro 5 d’ici septembre 2019.
A Berlin, la décision pourrait toucher jusqu’à 200 000 automobiles, selon des estimations de la presse allemande, même si des exceptions seront faites pour raisons professionnelles notamment. « C’est une bien belle journée pour l’air que nous respirons », a réagi Jürgen Resch, président de DUH. Mais, signe du degré de sensibilité du sujet dans la capitale allemande, pourtant dirigée par une coalition de gauche, d’extrême-gauche et Verte, cette interdiction est jugée trop radicale.
« Gifle » pour la politique de Merkel
Le gouvernement local a fait valoir qu’il préférerait avoir recours à d’autres solutions comme la promotion du vélo et des transports en commun, la mobilité électrique et une gestion plus efficace du trafic avec plus de routes limitées à 30 km/h. D’autant que les interdictions de ce type, appelées en Allemagne « Fahrverbote », sont difficile à faire respecter en l’absence de vignettes. A Hambourg, la première ville à avoir mis en place une telle mesure, les contrôles sont occasionnels, et l’amende est de 20 euros pour les contrevenants.
Néanmoins, Stuttgart et Francfort doivent emboîter le pas à Hambourg et Berlin. Pour éviter que ce cauchemar des constructeurs et des propriétaires de diesel ne se généralise à l’ensemble du pays, le gouvernement allemand a annoncé mardi un plan de sortie de crise. Ce compromis a minima propose des adaptations techniques aux frais du constructeur ou des primes à l’achat pour rajeunir les modèles.
Mais ce plan a été perçu comme une opération désespérée de sauvetage du diesel. « Le diesel et l’essence n’ont plus leur place dans les centres-villes modernes », a commenté dans un communiqué l’ONG Greenpeace, qualifiant la décision berlinoise de « gifle pour le gouvernement » de Merkel. Car les ventes de diesel sont aussi en chute libre depuis que le géant Volkswagen a admis en 2015 avoir trafiqué des millions de moteurs pour les faire paraître moins polluants.
La décision berlinoise s’ajoute à une longue liste de mesures prises par d’autres villes européennes pour éloigner les vieux diesels des artères centrales, comme à Madrid, Rome et Bruxelles. Si les gouvernements tardent parfois à agir, les villes européennes bataillent, entres péages, vignettes, malus, journées sans voiture et créations de zones de faibles émissions, pour chasser les moteurs diesel.
LQ/AFP