Le présidente centrafricaine de transition Catherine Samba-Panza a demandé « pardon » dimanche devant le pape François à Bangui pour « tout le mal » commis par les Centrafricains lors des violences intercommunautaires qui ont ensanglanté le pays depuis 2013.
« Il revient aux filles et aux fils de ce pays de reconnaître leurs fautes et demander un pardon sincère que votre bénédiction transformera en un nouveau levain pour la reconstruction du pays », a-t-elle dit, en recevant le pape au Palais présidentiel.
« Au nom de toute la classe dirigeante de ce pays mais aussi de tous ceux qui ont contribué à sa descente aux enfers, je confesse tout le mal qui a été fait et demande pardon du fond de mon coeur. Nous avons absolument besoin de ce pardon parce que les dernières évolutions de la crise sont apparues comme des abominations commises au nom de la religion par des gens qui se disent des croyants », a lancé la présidente.
« Votre visite est vécue comme une bénédiction du ciel (…), comme une victoire de la foi sur la peur, sur l’incrédulité, et une victoire de la compassion et de la solidarité de l’Eglise universelle », a-t-elle encore relevé.
« Des Centrafricains ont infligé des souffrances inqualifiables à d’autres Centrafricains. Nous avons absolument besoin de ce pardon parce que nos coeurs sont endurcis par les forces du mal. L’amour sincère du prochain nous a quitté et nous sommes ancrés dans l’intolérance ».
La présidente de transition a observé que « les menaces sécuritaires réelles ou amplifiées qui ont émaillé les préparatifs de la visite (que la France notamment avait mises en avant), la résurgence des mouvements extrémistes et du terrorisme avec une violence omniprésente » auraient pu décourager le pape, qui a donné au contraire « une leçon de courage ».
Le pays a basculé dans la violence après la prise du pouvoir à Bangui de la rébellion à majorité musulmane de la Séléka en mars 2013, qui a commis de graves exactions à l’encontre des civils entraînant un cycle internal de représailles intercommunautaires entre combattants séléka et milicens majoritairement chrétiens anti-balaka.
L’intervention militaire française en décembre 2013 a chassé la Séléka du pouvoir mais depuis, l’ancienne colonie française, à l’histoire très violente depuis l’indépendance, reste enlisée dans les violences entre musulmans et chrétiens.
AFP