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Otages tués par erreur : Obama présente ses excuses


La Maison Blanche le 15 avril 2015 (Photo : AFP)

Barack Obama a annoncé ce jeudi la mort de deux otages occidentaux d’Al-Qaïda, tués par erreur en janvier lors d’une opération américaine à la frontière pakistano-afghane, assumant la responsabilité de cette tragédie pour laquelle il a présenté ses excuses.

Dans une brève déclaration au ton grave, le président américain a exprimé sa douleur et présenté ses condoléances aux familles de deux travailleurs humanitaires – l’Américain Warren Weinstein et l’Italien Giovanni Lo Porto – tués « de manière tragique » dans cette zone très instable où les États-Unis mènent nombre d’opérations à l’aide de drones.

Sur la base d’éléments rassemblés par les services de renseignement, l’exécutif américain pensait qu’il s’agissait d’une base d’Al-Qaïda, qu’il n’y avait aucun civil sur le site et que « capturer les terroristes n’était pas possible », a expliqué Barack Obama. « Je regrette profondément ce qui s’est passé », a-t-il ajouté, disant assumer, en tant que président et commandant en chef des forces armées, la responsabilité de cette opération comme celle de « toutes les opérations anti-terroristes » américaines.

L’Italie a déploré « une erreur tragique », mais souligné que la responsabilité de la mort des deux hommes incombait « entièrement aux terroristes », contre lesquels elle a affiché sa détermination à continuer à lutter « avec ses alliés ».

La Maison Blanche a souligné, au même moment, qu’une autre opération menée en janvier a permis d’éliminer Adam Gadahn, un Américain converti à l’islam, dit « Azzam l’Américain », qui était devenu porte-parole d’Al-Qaïda. Défendant la stratégie américaine dans cette région, Barack Obama a souligné que, depuis les attentats du 11 septembre 2001, elle avait permis « d’éviter des attaques et de sauver des vies à la fois en Amérique et à travers le monde ».

La démocrate Dianne Feinstein, vice-présidente de la commission du Renseignement au Sénat, a réclamé une nouvelle évaluation des procédures en place dans les opérations anti-terroristes afin de s’assurer que « tout est fait pour éviter la mort de civils innocents ». Elle a en particulier jugé nécessaire la publication d’un rapport annuel sur le nombre de morts, « à la fois combattants et civils », provoqués par les frappes américaines.

« Tirer les leçons »

Warren Weinstein, un travailleur humanitaire américain, avait été kidnappé par Al-Qaïda le 13 août 2011 au Pakistan, à son domicile de Lahore. Sa femme, Elaine, a souligné qu’elle ne disposait pas encore de « tous les éléments » entourant sa mort, et dit attendre les résultats de l’enquête indépendante qui sera menée par le gouvernement américain. Elle a cependant exprimé sa « déception » vis-à-vis d’Islamabad. « Il n’ont pas agi plus tôt lorsqu’une occasion (de le libérer) s’est présentée », a-t-elle déploré, jugeant que le gouvernement pakistanais n’avait pas fait de ce dossier une priorité.

Giovanni Lo Porto, Sicilien de 39 ans, avait été enlevé le 19 janvier 2012 au Pakistan, en même temps qu’un Allemand, qui a été libéré en octobre 2014 à Kaboul. Les deux travailleurs humanitaires étaient employés par l’ONG Welthungerhilfe, et s’occupaient de construire des logements d’urgence après des inondations dévastatrices en 2010 au Pakistan, qui avaient touché jusqu’à 21 millions de personnes.

Barack Obama a précisé avoir ordonné la déclassification de cette opération qui a coûté la vie aux deux humanitaires « dès que la cause de leur mort » avait été déterminée. « Je l’ai fait parce que les familles méritaient de connaître la vérité », a-t-il ajouté, soulignant que les Etats-Unis devaient faire preuve de transparence « dans les bons moments comme dans les moments difficiles ». « Nous allons réfléchir aux leçons que nous pourrons tirer de cette tragédie et aux changements qui devront être apportés », a-t-il dit.

Amnesty International a estimé que la « transparence » dont avait fait preuve le président américain sur ce dossier était une « bonne chose ». « Mais des excuses devraient être faites à tous les civils tués par des frappes de drones américains, pas seulement les Américains et les Européens », a estimé Naureen Shah, l’une des responsables de l’ONG aux Etats-Unis.

AFP