Les démocrates américains ont annoncé jeudi la prochaine rédaction de l’acte de mise en accusation de Donald Trump, qui de son côté exige une procédure accélérée afin de pouvoir être jugé «équitablement» au Sénat, contrôlé par les républicains.
«Nous gagnerons le combat de la destitution», a promis le président américain, visiblement pressé d’en découdre. «Si vous devez me mettre en accusation, faites-le maintenant, vite, afin que nous ayons un procès équitable au Sénat, et pour que notre pays puisse se remettre au travail», a-t-il aussi tweeté, s’adressant avec défi aux démocrates du Congrès, majoritaires à la Chambre des représentants.
Leur chef, Nancy Pelosi, a demandé jeudi à la commission judiciaire de cette enceinte d’entamer la rédaction des articles de mise en accusation du président («impeachment»). «Le président ne nous laisse pas d’autre choix que d’agir parce qu’il a de nouveau essayé de corrompre nos élections pour son propre bénéfice», a-t-elle justifié. «La bonne nouvelle est que les républicains n’ont jamais été aussi unis», a répliqué le locataire de la Maison Blanche, peu après cette brève allocution de Nancy Pelosi.
Le troisième président mis en accusation
Compte tenu du rapport de force à la Chambre, Donald Trump a de grandes chances d’entrer dans les livres d’histoire comme le troisième président américain mis en accusation. Le vote en séance plénière pourrait avoir lieu avant Noël. Le Sénat, contrôlé par les républicains, serait ensuite chargé de juger le président et il faudrait une majorité des deux tiers pour le destituer, ce qui paraît très improbable tant les élus de son parti font bloc autour de lui.
Le locataire de la Maison Blanche est visé par une procédure en destitution parce qu’il a demandé, lors d’un échange téléphonique cet été, à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de «se pencher» sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l’affronter lors de la présidentielle de 2020.
«Le président a abusé de son pouvoir»
Selon des hauts responsables auditionnés au Congrès, une invitation à la Maison Blanche pour Volodymyr Zelensky avait ensuite été conditionnée à l’annonce des investigations sur Joe Biden. De plus, une aide militaire de près de 400 millions de dollars destinée à l’Ukraine avait été gelée quelques jours avant l’appel. Pour NancyPelosi, «les faits ne sont pas contestés : le président a abusé de son pouvoir pour son bénéfice personnel aux dépens de notre sécurité nationale, en conditionnant une aide militaire et une rencontre cruciale dans le Bureau ovale à l’annonce d’une enquête contre son rival politique».
«Le président a commis un abus de pouvoir, affaibli notre sécurité nationale et mis en danger l’intégrité de nos élections», a accusé la responsable démocrate, pour qui «les actions du président ont gravement violé la Constitution». Lui assure que son appel était «parfait» et se dit victime d’une machination politique. Jeudi, il a assuré que le dossier d’accusation contre lui était «vide». Mais «rien n’a d’importance» pour les démocrates, «ils sont devenus fous», a-t-il poursuivi.
Il a laissé entendre qu’il utiliserait son procès au Sénat comme tribune politique, en énumérant plusieurs responsables qu’il souhaite voir témoigner : Nancy Pelosi, l’élu Adam Schiff qui a supervisé l’enquête, mais aussi Joe Biden et son fils Hunter, qui a longtemps fait des affaires en Ukraine. Au Sénat, «nous révélerons, pour la première fois, à quel point le système est corrompu», a-t-il affirmé. «J’ai été élu pour « curer le marigot » et c’est ce que je fais!»
LQ/AFP